
Série La Suisse et la promotion de la paix, Épisode 6:
La médiation de paix est nécessairement un travail discret. Les médiatrices et médiateurs parlent peu de ce qui se passe en coulisses ou des dilemmes moraux auxquels la fonction les confronte. Ces spécialistes sont des rouages importants de la diplomatie suisse et joueront à terme un rôle pour obtenir la paix en Ukraine.
«Dans un conflit, il y a tout de suite une tendance à déshumaniser l’autre partie», explique Pierre Hazan, conseiller senior auprès du Centre pour le dialogue humanitaire à Genève (HD Centre), quand on l’interroge sur le titre de son livre Négocier avec le diableLien externe, publié en septembre.
«Très souvent, on parle de personnes qui ont commis des crimes de guerre. Que l’on veuille limiter l’étendue de l’insécurité régionale et internationale, stabiliser la situation ou aider à trouver une sorte de règlement, on est obligé de négocier et on ne le fait pas avec les gentils.» Ces personnes ont leurs propres intérêts, relève-t-il. Elles ne recherchent peut-être pas sérieusement la paix et peuvent vouloir vous manipuler.
Des dilemmes moraux
D’après son expérience, il y a d’autres dilemmes moraux. Aider à négocier l’évacuation de personnes civiles pour les mettre à l’abri, en Syrie par exemple, peut servir les objectifs de nettoyage ethnique des parties belligérantes.
Et si vous devez sélectionner un tiers des prisonniers d’un terrible camp tenu par la milice croate en Bosnie pour les libérer, comment choisissez-vous? Pierre Hazan faisait partie d’une équipe humanitaire qui s’est justement retrouvée dans cette situation, en 1993 près de Mostar. » – J. Crawford – (Extrait de swissinfo.ch du 15/12/2022)
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