Vidéo : « La médiation familiale interculturelle, et particulièrement franco-allemande » Entretien avec Canet par Isabelle Ségéla (You Tube)


Vidéo à consulter https://www.youtube.com/watch?v=JddnQ9UT7zE

VISIOCONFÉRENCE –  SESSION EURO-AFRICAINE  : « la médiation interculturelle » ORGANISÉE PAR LE SEAM LE 19 novembre DE 19H À 21H


« La mondialisation entraîne des brassages humains importants et lorsque des personnes de culture différente se rencontrent, les risques de malentendus s’accroissent.

Il en résulte des conflits interculturels qui nécessitent des compétences particulières pour intervenir en médiation.

Dans cette perspective, des médiateurs se forment spécifiquement à la médiation interculturelle et se regroupent en associations professionnelles en Europe (ex ATCC, IFOMENE, BRIDGE…), en Amérique (ex Sherbrooke, APMIQ) et ailleurs.

Notre session du 19 novembre à 19h00 permettra à des médiateurs interculturels de partager leur expérience avec les participants. En particulier Félix Tobin, Nadine Hamade et Jean-Pierre Picard évoqueront l’expérience qui les a conduit à fonder l’association Bridge des médiateurs interculturels.

Comme chaque mois, les sessions sont ouvertes gratuitement aux médiateurs , sur inscription préalable sur Eventbrite. » (Extrait de eventbrite.fr)

Inscription sur alain.ducass@energeTIC.fr

Visioconférence : « Modèles de famille, interculturalité, posture de l’intervenant » par Damien d’URSEL, organisée par APMF PACA CORSE, le 22/11/2021 de 18h à 20h30


Inscription gratuite :  apmfpacacorse@gmail.com

« 1ère journée de la Médiation transfrontalière fr-all et interculturelle », le 9 octobre 2021 à Montpellier


La « 1ère journée de la Médiation transfrontalière fr-all et interculturelle » aura lieu le 9 octobre à Montpellier dans le cadre de la Semaine de la médition et de la Quinzaine franco-allemande en Occitanie.

Date : 9 octobre

Lieu : Montpellier, lieu exacte à définir

NB : Public en présentiel ET public en ligne via Zoom 

Public concerné :   chefs d’entreprises, managers, avocats, médiateurs, coaches, consultants, accompagnants …

Objectif :              Sensibiliser à la question de l’inter-culturalité  en médiation en général et attirer l’attention sur l’intérêt de la médiation dans les relations franco-allemandes en particulier

Thèmes abordés en conférence et table ronde : 

  • La médiation transfrontalière en Europe en général et entre la France et l’Allemagne en particulier
  • Entreprise – familiale – patrimoniale 
  • Accompagnement de projets européens (à l’exemple de l’introduction des lynx dans les Vosges)
  • Médiation internationale et formation

Ateliers* 2h :       

       1. Dépasser les frontières culturelles dans la médiation 

       2. Parentalité : l’approche empathique en milieu multiculturel

       3. Être connecté à soi pour pouvoir se connecter à l’autre

* le 9 oct. : en présentiel (après-midi)  

* le 15 oct. : en ligne (matinée)

Programme de la journée

8h30           Accueil des participants autour d’un petit déjeuner       

9h00           Allocution de bienvenue par les organisateurs et le Consul Honoraire d’Allemagne de Montpellier et vice-président de RAFAL, Me Roland ICKOWICZ 

9h30           Frédéric PETIT, député de la 7ème circonscription des français à l’étranger (Allemagne, Europe centrale et Balkans) et médiateur :

Conférence : La Médiation transfrontalière en Europe en général et FR-ALL en particulier

10h00         Échanges avec le public

10h30         Pause

10h45         Table Ronde avec des médiateurs et avocats-médiateurs issus du monde franco-allemand et international

Hélène ABELSON-GEBHARDT –magistrate judiciaire honoraire et médiateure, Strasbourg et Paris

Pierrette AUFIERE – avocate honoraire et médiateure familiale, Toulouse

Prof. Dr. Gernot BARTH – dirigeant IKOME GmbH et médiateur international, Berlin, Leipzig, Stuttgart

Alice CANET – avocate et médiateure franco-allemande, Strasbourg

Martin HAUSER – avocat et médiateur international, Munich, Paris, Vienne

Yorck VON KORFF – médiateur  et facilitateur international, Montpellier, Hambourg

Susanne SCHÜLER – médiateure internationale et responsable formation CEDR, Londres

12h00         Échanges avec le public

12h30         Conclusions

12h45         Clôture : Richard JARRY, président RAFAL et Allemagne-Occitanie

13h00         Apéro déjeunatoire et échanges conviviaux

L’après-midi du 9 octobre sera consacré à 3 Workshops  – en présentiel – sur la médiation interculturelle et ses outils.

Ces trois workshops auront lieu par Zoom le 15 octobre pour les inscrits en ligne, horaire à définir.

Intervenants : Silvia LOY-MOREL, Hilkka ROULAND et Yorck VON KORFF

Christel Schirmer 06 67 45 14 33
contact@christel-schirmer.com
https://www.billetweb.fr/journee-de-la-mediation-transfrontaliere-fr-all-et-interculturelle

Tribune au « Monde » : « Médiation et interprétariat sont essentiels tout au long de la trajectoire d’asile »(Le Monde 24 juin 2021)


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« Une tribune parue dans « Le Monde », initiée par Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, directrice du DU Hospitalité, médiations, migrations (H2M) de l’Inalco, et signée par un collectif d’universitaires et d’humanitaires spécialistes des questions de médiations en contexte migratoire appelle l’Etat à investir plus largement dans ce domaine pour favoriser l’intégration des personnes exilées.

(….)

A un an de l’élection présidentielle, les discours sécuritaires prennent à nouveau le pas sur tous les autres. Au niveau européen, la politique du non-accueil se traduit par le durcissement des frontières, les renvois illégaux, les camps surpeuplés et l’application insensée du règlement de Dublin dont les gouvernements reconnaissent pourtant unanimement l’inefficacité, le coût et les effets pervers.

Au niveau français, le non-accueil se rejoue chaque fois que l’on tolère l’amalgame migrant égale suspect, passant du classique « migrant profiteur » à l’odieux « migrant terroriste ».

Or, tant que le demandeur d’asile n’est pas reconnu réfugié, il est considéré comme suspect. Il peut alors être maintenu sur les trottoirs, dans une situation d’attente et d’assistanat indigne. Même chose avec ceux qui n’ont pas de titre de séjour dont on espère que l’arrêt net de toute aide ou que les renvois, forcés ou accompagnés, les conduiront à partir.

Les conditions du dialogue

Pourtant, toutes les personnes ayant travaillé auprès d’exilés savent que le coût de l’exil, les pertes et les séparations qu’il implique sont tels qu’une fois arrivés sur la terre dite d’accueil, ils n’en partiront pas. Il ne sert à rien de tenter l’asphyxie. Les indésirables ne disparaissent pas, ils s’éclipsent dans les zones de la grande précarité, où ils sont soumis à des violences cumulées pour un coût social finalement immense.

L’expérience accumulée depuis des années par les acteurs de terrain nous montre au contraire la réussite des politiques qui interrogent les personnes et non pas les flux et les chiffres. Elle nous montre combien la médiation interculturelle et linguistique fait la différence.

Médiation et interprétariat sont essentiels tout au long de la trajectoire d’asile.

En amont, pour écouter un mineur érythréen ou bangladais dans un camp du Calaisis et comprendre pourquoi il ne veut pas rejoindre un foyer local mais l’Angleterre, pour entendre la volonté d’un migrant malien ou guinéen qui tente plusieurs fois de passer la frontière franco-italienne ou franco-espagnole au risque de se faire refouler avec violence, pour comprendre que chaque primo-arrivant, qu’il arrive de Syrie ou d’Afghanistan, répond à des logiques et à des loyautés spécifiques selon son groupe d’appartenance, sa langue, sa région d’origine. Les programmes de réinstallation qui étudient les configurations familiales le savent bien.
 
Médiation et interprétariat sont aussi essentiels en aval. Parce qu’ils créent les conditions du dialogue faisant office de passerelle entre les deux cultures, les deux langues, entre le pays d’origine et la France. Parce qu’ils favorisent l’intégration. Pour que la multitude des programmes et des initiatives d’insertion portent leurs fruits.

Termes intraduisibles

Sur le terrain, ce rôle de médiateur interculturel et linguistique est souvent exercé par des exilés qui se mettent eux-mêmes en position d’intermédiaire. Exposés, sans formation spécifique et sans que cette expérience soit véritablement perçue pour ce qu’elle est : individuellement un véritable levier d’insertion professionnelle, et pour les autres une essentielle possibilité d’accès à l’information et à l’insertion.

Ce sont les médiateurs interprètes qui vont pouvoir expliquer les dispositifs d’insertion existants, qui vont pouvoir désamorcer des incompréhensions culturelles. Comment demander, par exemple, à des exilés de se domicilier pour recevoir leurs documents administratifs quand le mot et le concept même de domiciliation n’existent pas dans leur langue ? Comment expliquer les termes intraduisibles, « préfecture », « récépissé » et autre « guichet unique » ?

Non, lorsqu’un agent de la préfecture exige que les demandeurs d’asile ne quittent pas la salle d’attente pour aller faire leur prière, il ne porte pas atteinte à leur religion, il applique des principes d’ordre dans un bureau administratif de la République.

Non, quand une jeune bénévole distribue un kit sanitaire avec des préservatifs, il ne s’agit pas d’une invitation implicite à une relation sexuelle. Sans parler des institutions publiques comme l’hôpital, où, sans médiation, les soins ne peuvent parfois pas se faire tant le vocabulaire du corps et de l’intime peut être source de malentendus.

Paradoxe français

Or il y a là un grand paradoxe. Alors que la médiation se développe partout – médiation scolaire, médiation auprès des tribunaux, médiation familiale, médiation culturelle dans les espaces d’art et de culture, médiation interculturelle dans les entreprises internationales –, la médiation interculturelle et linguistique en contexte migratoire n’existe pas. Ou si peu. C’est un paradoxe français, car la « community interpretation », interprétation communautaire qui pourrait faciliter l’insertion des populations non francophones, est largement développée chez de nombreux voisins.
 
Il est temps d’investir dans la médiation en contexte migratoire. Des universités se mobilisent. C’est le cas d’une partie des partenaires du réseau Migrants dans l’enseignement supérieur (MENS) proposant aux étudiants exilés des diplômes universitaires (DU) sur la médiation comme le DU Hospitalité, médiations, migrations (DU H2M, Inalco, Paris) ou le nouveau DU Dialogues (Lyon-II).
 
Des associations, des institutions et des acteurs de terrain tentent d’intégrer la médiation interculturelle et linguistique aux côtés des bénévoles ou des travailleurs sociaux. Mais rien ne sera possible si l’État ne flèche pas davantage de crédits spécifiques pour cela, si l’État ne soutient pas spécifiquement cette dynamique, si l’État ne valorise pas les ressources linguistiques et culturelles et l’immense motivation pour l’intégration des premiers concernés, les personnes exilées.
 
Parce que tout exilé ayant pu entrer sur le marché de l’emploi est une victoire, non seulement individuelle mais aussi de toute la société républicaine ; parce qu’il n’attend que d’y trouver sa place, investissons dans les conditions de cette réussite.


 
Liste des signataires Jean-Michel Benayoun (professeur, directeur de l’UFR Études interculturelles de langues appliquées/EILA, université de Paris) ; Aurélie El Hassak-Marzorati (directrice générale, Centre d’action sociale protestant) ; Emmanuelle Gallienne (directrice, association Kolone) ; Pascal Godon (référent national, Fédération de l’entraide protestante) ; Manda Green (enseignante-chercheuse, coresponsable du diplôme universitaire Dialogues. médiation, interprétariat et migration, université Lumière-Lyon-II) ; Antoine Paumard (directeur, Service jésuite des réfugiés, JRS France) ; Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky (professeure, coordinatrice du diplôme universitaire Hospitalité, médiations, migrations, Institut national des langues et civilisations orientales, Inalco, Paris) ; Annick Suzor-Weiner (professeure émérite, Agence universitaire de la francophonie et université Paris-Saclay). (Extrait de inalco.fr )

En savoir plus sur http://www.inalco.fr/node/612546

Belgique : A Anderlecht, on sensibilise au port du masque avec un médiateur interculturel


« Pour sensibiliser au port du masque, la commune d’Anderlecht a décidé de faire des patrouilles avec un médiateur interculturel.

La patrouille est là pour sensibiliser au port du masque et ce médiateur va à la rencontre des primo-arrivants. Il informe dans la langue arabe notamment.

Dans d’autres communes, une camionnette diffusera des messages de prévention. Et à Etterbeek, dès samedi, les amendes pourront être dressées. (Extrait de vivreici.be du 12/08/2020)

En savoir plus sur http://www.vivreici.be/article/detail_a-anderlecht-on-sensibilise-au-port-du-masque-avec-un-mediateur-interculturel?id=446335

« LA PRATIQUE DE LA MÉDIATION INTERCULTURELLE AU REGARD DES POPULATIONS MIGRANTES… ET ISSUES DE L’IMMIGRATION  » par Ingrid Plivard, Connexions, 2010/1 n° 93 |


Depuis le milieu des années 1980, les pratiques de médiation connaissent un essor notable en France, engendrant une multiplication des initiatives aux résultats plus ou moins heureux. De manière générale, la médiation renvoie au processus de création et de réparation du lien social et vise tout particulièrement le règlement des conflits survenant dans la vie de tous les jours. Retisser du lien social engendre des bénéfices à plus d’un titre. La médiation redonne un espace de parole permettant aux individus de se faire entendre, de parler de leurs situations, positions et difficultés. Elle tend à la redistribution des ressources communicationnelles. Elle contribue également à réactiver des modes de régulations autrefois figées par la complexification, voire la radicalisation des rapports sociaux (Chaouite, 2004). Ainsi, l’individu redécouvre des « vertus communicationnelles », plus efficientes et adaptées, liées au respect, à la confiance, à la reconnaissance de l’autre, de son point de vue, comme de ses différences. Le processus de médiation se caractérise par la libre adhésion de ses participants, que ce soit en termes d’entrée ou de sortie, par la confidentialité, socle de la confiance, et par le respect de l’autre et de ses opinions (Gaillard et Durif-Varembont, 2007). Le médiateur se doit d’être indépendant, neutre et impartial. L’exercice de la médiation nécessite de développer une capacité de distanciation permettant non seulement d’avoir conscience que l’autre peut être porteur de valeurs différentes mais, également, de prendre du recul par rapport à ses propres cadres de références (Bernard, 2007). Cette capacité, centrale et incompressible, s’accompagne d’habiletés communicationnelles, acquises le plus souvent sur le terrain et plus rarement par voie de formation et correspondant à la faculté de composer avec la disparité des codes culturels (adaptation du discours et rituels d’interactions, notamment). Nous ne décrirons pas les différentes ramifications de la discipline issues d’un développement foisonnant, mais nous centrerons dans ce texte sur une branche de la médiation de cohésion social, la médiation interculturelle. Les caractéristiques s’avèrent relativement identiques. Il s’agit ici d’établir (ou de rétablir) des liens de sociabilité entre des gens issus de cultures différentes. Une précision sur l’acception que nous appliquons au terme interculturel s’impose. Ne relèvent pas de l’interculturel uniquement les différences liées à l’appartenance ethnique ou nationale, mais également toutes les situations de divergence dans les univers de significations. La rupture culturelle peut donc être induite par la religion, le groupe social d’appartenance, le genre ou encore la génération. En fait, relèvent de l’interculturel tous les obstacles pouvant nuire au déroulement de la communication (Marandon, 2003).  (Extrait de cairn.info )

Article à consulter sur https://www.cairn.info/revue-connexions-2010-1-page-23.htm

Fait religieux en entreprise : un retour d’expérience


médiation

« Nous avons été sollicités il y a quelques mois pour une médiation « classique » entre une salariée et son employeur. L’objet du désaccord réside sur le port d’un « couvre-chef » par la salariée en question.

Madame F. ne couvrait pas sa chevelure au moment de son embauche, elle en a fait le choix il y a quelques années pendant un congé maternité. À son retour, elle en a parlé à son manager qui a donné son accord pour le faire également sur son lieu de travail. La collaboratrice fait par ailleurs le choix de ne pas porter un voile traditionnel mais une sorte de petit bonnet en tissu couvrant ses cheveux et ses oreilles, « plus discret » à ses dires. Cet objet peut être de différentes couleurs sobres, parfois avec des perles ou des strass brodés dessus.

Cette salariée reçoit de la clientèle en face à face, dans le secteur tertiaire. Elle a d’excellents résultats, est appréciée par ses collègues et ses clients, aucune difficulté n’est à remarquer.

Depuis, le manager de proximité a changé et la relation avec son responsable actuel est plus distante, il y a moins de confiance. La prise de poste de ce responsable a été difficile, plusieurs tensions ont éclaté avec l’équipe.

Un jour, un client connu et réputé « difficile » fait une réclamation concernant le point de vente en question et lors de son appel il évoque « des salariées voilées » sans que ceci ne soit cependant l’objet de son mécontentement. Dans le cadre du traitement de cette réclamation, Madame F. est rencontrée par le service RH qui lui propose soit de découvrir ses cheveux quand elle est à son poste, soit de passer sur une fonction sans interface client. Madame F., choquée, refuse. Elle aime son poste, son « couvre-chef » n’a jamais posé problème, elle ne voit pas pourquoi elle devrait changer de code vestimentaire ni d’emploi suite à la plainte d’un client connu qui ne la concerne même pas.

L’employeur, lui, est décidé à trouver une solution ; très partagé entre l’envie de soutenir et garder cette collaboratrice qui donne satisfaction mais craignant le « buzz » en interne et un « effet de contagion » ou de « revendication » parmi les collaboratrices. Le Directeur Général suit la situation de près lui-même, inquiet que la presse puisse s’en saisir. En effet, expliquant être « très attachés à la notion de laïcité », l’enjeu sur la marque employeur serait forte.

Pendant la médiation, nous explorons les représentations des parties et historique de la situation, afin de comprendre ce qui se joue dans ce désaccord et ce qu’il sous-tend. Du côté de la salariée apparait un fort sentiment de trahison : pourquoi l’entreprise, au lieu de la défendre, a « pris parti » pour le client difficile ? Pourquoi revenir sur cette autorisation alors que son couvre-chef n’a jamais posé problème ? Au contraire ! dit-elle, « les clients aiment bien faire des blagues sur la couleur du jour, on en parle ils posent des questions, ça crée du lien ». Et si c’était un problème, alors pourquoi son responsable ne lui en a jamais parlé ? Si elle est appréciée par son employeur, pourquoi est-ce que cette situation est « montée » directement jusqu’au service RH ? Madame dit comprendre la situation de l’employeur et ne pas lui en vouloir, raison pour laquelle elle ne s’est pas adressée aux représentants du personnel ni envisagé une démarche pour discrimination, ce qu’elle considère à ce stade être le fond de la situation.

La médiation dans une situation comme celle-ci a comme objet également de donner des éléments de compréhension sur le cadre, légal et organisationnel, et de resituer les choses dans leur contexte social et culturel sans porter de jugement. Nous avons ainsi abordé et clarifié assez sereinement la question de la neutralité en entreprise (ici pas inscrite dans le règlement intérieur que nous avons consulté ensemble), définit les contours de termes comme « discrimination » ou « racisme ». Nous évoquons ensemble les stéréotypes et crispations actuelles autour du sujet du voile en France et Madame F. peut évoquer la fatigue que ça lui procure dans le quotidien d’entendre des questions type : « c’est ton mari qui t’a demandé de le porter ? ».

Une fois que ces éléments ont pris leur juste place dans le contexte, d’autres questions plus structurelles commencent à faire surface : la relation entre Madame F. et son responsable actuel, sa progression de carrière, son équilibre temps personnel / temps professionnel, l’enjeu pour elle en tant que mère dans cette situation et « l’exemple qu’elle veut donner à sa fille ». Du côté de l’organisation il en va de même : la réflexion s’enclenche sur l’évolution du métier de chargé de clientèle, la politique de la relation client, la formation des managers, des paradoxes et certaines incongruences dans le cadre posé aux collaborateurs.

La médiation s’arrête autour de l’accord d’accompagner l’équipe du point de vente en entier, où la tension est collective depuis l’arrivée du nouveau responsable. L’employeur s’engage à proposer en parallèle un accompagnement RH à Madame F. incluant notamment des périodes d’immersion dans différents postes afin d’en trouver un qui coïncide avec ses contraintes, motivations et perspectives de carrière à long terme.

Au niveau organisationnel cette situation a permis de lancer une réflexion à la Direction sur le positionnement concernant l’expression du fait religieux au sein de l’entreprise, de le clarifier dans un premier temps puis de formaliser un petit guide à l’attention des managers à moyen terme.  » Parwa Mounoussamy (Extrait de alternego.com du 24/04/2019)

En savoir plus sur https://alternego.com/culturenego/retex-mediation-faitreligieux/

Suisse : Médiation et interculturalité en Suisse romande


« Le Collectif Interculturel de Médiation (CIM) est une association créée en 2008 pour développer et promouvoir la médiation à Genève. Il regroupe des personnes formées à la médiation et reconnues par la Fédération Suisse des Associations de Médiation (FSM).

Le but du Collectif est de : (1) promouvoir la médiation et les lieux de médiation ; (2) faciliter les relations entre individus, groupes, institutions et différentes communautés ainsi que leur participation à la vie sociale ; (3) prévenir, traiter et réguler les conflits par la médiation, en encourageant l’échange et le partage ; (4) vivifier le lien social par le dialogue, la négociation et la communication.

Parmi les services proposés, nous pouvons énumérer : (1) mise à disposition de médiateurs, de formateurs et de personnes ressources ; (2) formation/ supervision/ intervision en médiation ; (3) accompagnement à la valorisation des compétences (posture du médiateur) ; (4) promotion, sensibilisation et développement à la médiation.

Le CIM s’adresse à toute institution, association, communauté, lieu de médiation ou à toute personne intéressée par la médiation et/ou souhaitant demander une médiation.

CIMCréation du Collectif

Ses origines remontent à avril 1999 lorsqu’un « îlotier » de la gendarmerie genevoise sollicite l’association Mondial Contact, cultures et citoyenneté pour réfléchir à un mécanisme de prévention des conflits dans les relations intercommunautaires. Un Collectif mixte (hommes-femmes) fut créé, dont les membres étaient des personnes migrantes d’origines nationales variées, avec des profils professionnels différents. Ces personnes appartenaient à des réseaux associatifs communautaires et avaient une bonne connaissance des réalités de leur communauté́. La plupart avait déjà pratiqué la médiation empirique dans des cadres familiaux, communautaires et de voisinage.

Les membres fondateurs du Collectif de Médiation Interculturelle ont été formés à la médiation. En complément, ils reçurent une formation à « l’interculturalité » et acquirent des connaissances du réseau socio-institutionnel genevois et des pratiques de terrain de ses intervenants.

Selon Fernando Carvajal Sánchez, chargé d’enseignement à l’Université de Genève et membre du CIM, « en sciences sociales et humaines, ainsi que pour le sens commun, le terme “interculturalité” est utilisé pour exprimer une disposition à favoriser la communication, la compréhension et les rapports entre différentes cultures et/ou entre les personnes appartenant à des cultures différentes. Ces cultures peuvent différer parce qu’elles se développent et se déploient dans des environnements géographiques et temporels différents. Dans cette dernière perspective, on peut mieux comprendre une culture déjà disparue. » (Conférence donnée le 1er septembre 2018 à l’occasion du vernissage de l’exposition « Les médiateurs se mouillent » célébrant les dix ans de notre association).

Il faut mettre en exergue le fait que l’interculturalité est l’une des caractéristiques de la société genevoise. Le canton comptait en 2018 plus de 500 000 habitants dont 40% d’étrangers issus de 191 nationalités différentes (Office cantonal de la statistique (OCSTAT), « 500 000 habitants dans le canton de Genève », Informations statistiques, n°13, août 2018).

Dans ces circonstances, lorsque l’altérité se côtoie, l’interculturalité apporte une grande richesse, mais elle peut parfois être aussi source de malentendus ou de tensions. À ce niveau le médiateur peut intervenir pour régler un conflit interpersonnel, mais également désamorcer des préjugés et des stéréotypes qui empêchent la communication.

Le travail initial de Collectif s’est articulé autour de la « médiation interculturelle » telle que pratiquée en Suisse. Selon la définition donnée par l’association suisse romande Groupement Pro Médiation, « la médiation interculturelle s’adresse à toute personne ainsi qu’à toute institution ou organisme, confrontés à un conflit entre individus ou groupes de différentes cultures. Elle cherche à :

  • Vivifier le lien social par le dialogue, la négociation et la communication non-violente ;
  • Favoriser le vivre-ensemble entre individus, groupes, communautés et institutions d’origines diverses ;
  • Accepter les différences (culturelles, sociales…) et respecter la diversité. » (https://mediations.ch/mediation/mediation-interculturelle/ consulté le 12 octobre 2018)

Durant les dix premières années, les membres du Collectif ont agi principalement en tant que « personnes référentes » pour les personnes issues de la migration notamment en cas de conflit. La médiation était faite par des co-médiateurs/co-médiatrices du Collectif qui représentaient chacun-e la culture de chaque médiant-e pour lui permettre de se sentir compris dans sa propre construction du monde. En donnant la parole à chaque médiant-e sur comment il/elle voit le monde, en pouvant nommer ses valeurs, les médiateurs créent un dialogue qui permet aux protagonistes de chercher ensemble une solution prenant en compte leurs différences de points de vue. Cela encourage la communication entre les médiants, en facilitant la création d’un terrain d’entente en vue de la résolution du conflit.

En même temps, le rôle du Collectif était de sensibiliser les personnes à la culture suisse, de transmettre les normes et les pratiques de société afin de faciliter l’intégration des personnes migrantes.

À la fin des activités de l’association Mondial Contact en avril 2003, le Collectif fut repris par le Bureau de l’Intégration des Étrangers de l’État de Genève.

Médiation et interculturalité

En 2008 le Collectif de Médiation Interculturelle redevient autonome et se transforme en association genevoise. Il est renommé « Collectif Interculturel de Médiation » (ou CIM) afin de mettre l’accent non plus sur l’activité de médiation interculturelle, mais sur l’appartenance multiculturelle de ses membres.

En tant qu’association, le CIM maintient les compétences professionnelles acquises en médiation interculturelle tout en élargissant ses activités à d’autres domaines : familial, voisinage, travail, immobilier, consommation, santé, scolaire, social, pénal (adultes et mineurs). Nonobstant, par rapport à d’autres associations genevoises de médiation, son point fort réside dans son expérience en interculturalité et dialogue interculturel.

Les membres du CIM sont des médiateurs professionnels formés pendant au moins 200 heures dans une institution reconnue par la Fédération Suisse des Associations de Médiation, association faîtière dont le but est de promouvoir la médiation en Suisse, les règles de déontologie, ainsi que la qualité de la formation et de l’exercice de la médiation (https://www.mediation-ch.org). Pour la plupart, ils sont également assermentés auprès du Tribunal civil ou pénal à Genève (http://ge.ch/justice/mediation).

La pratique de la médiation au sein du CIM repose sur une approche normative qui correspond à la définition de Jacques Faget :

La médiation « est définie comme un processus consensuel de construction ou de réparation du lien social et de gestion des conflits dans lequel un tiers impartial, indépendant, (mediare c’est, étymologiquement, être au milieu) et sans pouvoir décisionnel, tente à travers l’organisation d’échanges entre les personnes ou les institutions de les aider soit à améliorer, soit à établir une relation ou de régler un conflit. » (« Médiation et post-modernité. Légitimation ou transformation de l’action publique ? » in Négociations, n°6, 2006, pp. 51-62, p. 52).

Nous pouvons noter qu’à l’instar de l’AsMéd Genève (association de médiation de voisinage, voir l’article dans la Lettre de l’ANM n°7) dont elle partage les buts, le Collectif Interculturel de Médiation est particulièrement actif dans la médiation de voisinage. Ce domaine de la médiation traite les conflits entre voisins causés par du bruit, dégradations, salissures, vandalisme, intolérance ou manque de respect. Nous pouvons constater que le taux de réussite de ces médiations est élevé. De plus le Collectif agit dans la médiation de quartier entre des résidents, commerces, institutions, associations et usagers. Force est de constater que « l’interculturalité » est présente parfois dans les disputes de voisinage notamment lorsque les préjugés et les stéréotypes sont forts et coupent le dialogue entre les protagonistes. Le rôle des médiateurs/trices consiste alors à rétablir la communication entre les parties pour pouvoir les aider par la suite à trouver une solution amiable à leur conflit.

Formation à la médiation

Le Collectif Interculturel de Médiation (CIM) donne également des formations et sensibilisations à la médiation et à la gestion des conflits pour des professionnels ou non-professionnels.

Parmi ses activités, le Collectif continue à promouvoir l’interculturalité, en proposant des formations à des institutions dont les collaborateurs sont amenés à gérer des conflits interculturels. De plus il se constitue en lieu de réflexion et d’échange de compétences de la médiation et de l’interculturalité.

Pour les professionnels de la médiation, le CIM propose des séances de supervision destinées à une réflexion sur leurs activités et une amélioration des compétences professionnelles.

Prenons comme exemple les séances de supervision formative que le CIM organise depuis trois ans dans le cadre du programme de médiation interculturelle et préventive de Caritas Genève. L’équipe des médiateurs de Caritas facilite la communication entre les populations Roms, les institutions, les services sociaux et les publics locaux dans les situations de conflits ou d’incompréhension. Les actions médiatrices menées auprès de populations fortement précarisées leur permettent de devenir actrices de leur avenir en recherchant par elles-mêmes des solutions aux différentes problématiques qu’elles rencontrent.

Depuis trois ans, Anne Catherine Salberg, médiatrice membre du CIM, juriste et formatrice d’adultes, a organisé 22 séances de supervision formative pour l’équipe de Caritas dans le but de renforcer ses compétences médiatrices, d’analyser les enjeux institutionnels et organisationnels et de développer son programme de médiation auprès de populations très précarisées. (Pour plus d’informations sur ce projet se référer au site web http://www.caritasge.ch/nos-activites/animation-et-prevention/mediation-intercommunautaire)

Des séances d’Intervision sont aussi organisées par le CIM pour ses propres membres dont l’objectif est d’échanger collectivement leurs expériences, parler des difficultés rencontrées dans l’exercice de leur métier, trouver des solutions et réfléchir sur la conduite à adopter.

Perspectives d’avenir : sensibilisation et promotion de la médiation

Hormis la formation à la médiation qui s’adresse à des professionnels, le Collectif Interculturel de Médiation (CIM) s’engage dans des activités de sensibilisation de la population ainsi que de la promotion de la médiation au sein des institutions genevoises.

En mai 2017, Adulai Mané et Fernando Carvajal Sánchez, membres du CIM ont participé à la conception et réalisation d’une expérience de sociologie urbaine organisée par l’association Il Fallait Bien Innover Production (FBI) en collaboration avec l’Université de Genève. Un jeu de rôle a été organisé dans le cadre du programme transfrontalier franco-genevois « Qu’est-ce qui se tram ? » pour la promotion du Grand Genève (agglomération franco-valdo-genevoise) et de la future ligne de tram reliant Annemasse à Genève. Deux comédiennes ont incarné un couple LGBT se disputant dans le bus, parlant de leur vie privée et menaçant de rompre jusqu’à ce qu’un médiateur du CIM intervienne dans le conflit. Ce jeu de rôle a permis d’observer la réaction du public par rapport à un conflit et par rapport à la médiation, et de faire comprendre aux usagers du tram quelle était la posture d’un médiateur. À la fin du trajet, le médiateur a pu répondre aux questions du public et promouvoir la médiation auprès des personnes qui ont manifesté leur intérêt à s’y former.

Dans le cadre de son programme de promotion de la médiation, le CIM organise actuellement une exposition intitulée « Les médiateurs se mouillent ». Cette exposition de photos peut être visitée jusqu’à la fin de la l’année aux Bains des Pâquis de Genève. Différentes activités (concerts, jeux de rôles) seront organisées en marge de l’exposition dont le programme sera disponible sur notre site web.

Avec cette exposition, le Collectif Interculturel de Médiation s’engage dans une campagne de promotion de la médiation à Genève, un canton qui peine à l’institutionnaliser hormis quelques rares initiatives communales. Force est de constater que la nouvelle Constitution genevoise de 2012, entrée en vigueur le 1er juin 2013, prévoyait la mise en place d’une instance de médiation administrative destinée à traiter les différends entre l’administration et les administrés (art. 115), institution qui n’a encore pas été créée.

Selon la même Constitution, l’État genevois encourage la médiation et les autres modes de résolution extrajudiciaires des litiges dans le cadre du pouvoir judiciaire (art. 120). Malgré cela, la fonction de médiateurs/médiatrices reste essentiellement un travail d’indépendant ou de (semi-)bénévolat dans le cadre associatif.

Cette campagne de sensibilisation et promotion de la médiation vise le public, les institutions et les autorités genevoises. Des personnes médiatrices, associations ou institutions de médiation de Suisse ou d’autres pays sont invitées à nous rejoindre dans cette campagne en tant que partenaires.

Pour en savoir plus, cliquez ici. Pour nous contacter, cliquez ici.

Adina Ciolac, secrétaire du CIM, avec la collaboration des membres du CIM

(Extrait de anm-mediation.com octobre 2018)

Article à consulter sur http://www.anm-mediation.com/index.php/fr/?option=com_content&view=article&id=448:mediation-et-interculturalite-en-suisse-romande&catid=97:numero-08