Québec : le projet pilote de médiation en protection de la jeunesse mis en place en 2021


« En septembre 2021, un projet pilote de médiation en protection de la jeunesse a été mis en place dans le district judiciaire de Québec pour permettre aux familles qui vivent une intervention de la DPJ d’en arriver à une entente à l’extérieur des tribunaux.

Depuis l’automne 2022, le projet pilote de médiation en protection de la jeunesse est désormais disponible dans les régions de la Capitale-Nationale, de la Montérégie, de Chaudière-Appalaches, de l’Estrie et des Laurentides.

Ce projet est porté conjointement par le MJQ et le MSSS. Le projet répond à une recommandation de la commission Laurent.

(….)

La médiation en matière de protection de la jeunesse propose un mode de solution additionnel permettant aux familles admissibles d’arriver à une entente sur les mesures volontaires, ou encore à un projet d’entente, le tout à l’extérieur des tribunaux. La médiation se déroule dans un contexte qui favorise la collaboration, l’intérêt de l’enfant et le respect de ses droits.

Dans le cadre de la médiation, les échanges sont dirigés par un médiateur impartial, lequel s’assure que chacune des parties puisse communiquer librement et pleinement aux autres ses besoins et ses attente » (Extrait de justicequebec.blogspot.com du 7/12/2023)

En savoir plus sur https://justicequebec.blogspot.com/2023/12/connaissez-vous-le-service-de-mediation.html

La médiation, une solution contre la radicalisation de jeunes ?


« Le Programme Régional de Médiation de Sûreté à caractère Éducatif (PRMSE) fait intervenir 18 médiateurs dans les lycées des Alpes du Sud. Ils viennent discuter avec des élèves et observer leurs comportements pour notamment prévenir des risques comme la radicalisation.

Tous les jours, Romain Nouaille-Degorce et Laëticia Simon vont à la rencontre de lycéens des Alpes du Sud. Sur leurs gilets, l’inscription “médiation”. Elle permet aux adolescents de les repérer dans la foule qui sort de classe. « On est aux abords des lycées durant les temps forts : sortie/entrée, récréation », explique Laëtitia Simon, apprentie médiatrice.  » – J. Segui – (Extrait de ledauphine.com du 16/10/2023)

En savoir plus sur https://www.ledauphine.com/education/2023/10/16/la-mediation-une-solution-contre-la-radicalisation-de-jeunes

Médiation sociale : La nuit, quand les médiateurs rencontrent les jeunes à Saint-Quentin (lunion.fr)


Après les récentes émeutes, immersion dans la nuit de samedi à dimanche avec les médiateurs de la ville de Saint-Quentin. Des dizaines de kilomètres parcourus pour tenter de désamorcer les velléités de violence. (Extrait de lunion.fr du 3/07/20223)

En savoir plus sur https://www.lunion.fr/id499624/article/2023-07-02/la-nuit-quand-les-mediateursrencontrent-les-jeunes-saint-quentin

Québec : les tarifs d’aide juridique en contexte de médiation en protection de la jeunesse


A consulter sur https://www.csj.qc.ca/IntranetUploads/CSJ/Francais/Communiques/2023%2006%2012_Communique_CSJ_Tarifs%20d’aide%20juridique.pdf

Québec : un accès la médiation en Protection de la jeunesse (lareleve.qc.ca)


Depuis novembre, la médiation est une option offerte à même les services de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Montérégie afin de favoriser une plus grande participation des jeunes et leurs familles dans la prise de décisions lors d’une intervention en protection de la jeunesse.

La médiation peut être proposée quand vient le temps de faire le choix des mesures de protection pour un jeune lorsque sa sécurité ou son développement sont compromis. Elle permet ainsi de trouver des alternatives à la judiciarisation.

(…)

Les racines du projet

Lancée en septembre 2021 sous forme de projet-pilote à Québec par le ministère de la Justice et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), la médiation en protection de la jeunesse constitue la mise en œuvre d’une recommandation formulée dans le rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et de la protection de la jeunesse (CSDEPJ).

En plus de la Montérégie, le projet se déploie actuellement dans Chaudière-Appalaches, en Estrie et dans les Laurentides. » (Extrait de .lareleve.qc.ca du 28/02/2023)

En savoir plus sur https://www.lareleve.qc.ca/2023/02/28/nouveaute-un-acces-la-mediation-en-protection-de-la-jeunesse/

Le tribunal judiciaire de Paris propose une médiation dans la demande par l’ARCOM de blocage de cinq sites pornographiques majeurs


« Ce mardi 6 septembre, le tribunal judiciaire de Paris n’a pas ordonné le blocage de cinq sites pornographiques majeurs, un blocage réclamé depuis des mois par l’ARCOM.

Cela fait depuis décembre 2021 que l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, alors CSA et désormais ARCOM tente de forcer cinq sites pornographiques majeurs – Pornhub, Xhamster, Youporn, Xvideos et Xnxx –,  à respecter leur obligation d’empêcher l’exposition de leur contenu aux mineurs. Ce mardi 6 septembre, c’est le tribunal judiciaire de Paris qui examinait la demande de l’ARCOM de bloquer ces sites, à défaut de les amener à respecter la loi.

(…)

Mardi 6 septembre, le tribunal judiciaire de Paris a proposé une médiation, c’est-à-dire l’intervention d’un tiers neutre dont la mission sera de résoudre le différend en dehors des tribunaux. (….) Vivement critiquée par l’ARCOM, cette décision devrait largement retarder le jour d’une décision concrète et finale. » – V. Arnaud-(Extrait de lessurligneurs.eu du 8/09/2022)

En savoir plus sur https://www.lessurligneurs.eu/larcom-essuie-un-revers-judiciaire-dans-son-combat-pour-le-blocage-des-sites-pornographiques-qui-ne-controlent-pas-suffisamment-lacces-des-mineurs/

Québec : Lancement du projet pilote de médiation en protection de la jeunesse dans quatre nouvelles régions du Québec


Le ministre de la Justice et procureur général du Québec, M. Simon Jolin-Barrette, et le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, M. Lionel Carmant, annoncent le déploiement du projet pilote de médiation en protection de la jeunesse dans les régions de la Montérégie, de Chaudière-Appalaches, de Sherbrooke et des Laurentides. Ces régions s’ajoutent à celle de Québec, où le projet pilote a été lancé en septembre 2021.

La mise en place du service de médiation en protection de la jeunesse dans ces régions permettra aux familles qui vivent une intervention en protection de la jeunesse de bénéficier d’une option supplémentaire pour arriver à une entente consensuelle. Avant tout, ce service favorisera une plus grande participation des enfants aux prises de décisions ainsi qu’une meilleure reconnaissance de leurs droits tout au long du processus.

Grâce à ce projet pilote, les familles admissibles pourront bénéficier de cinq heures gratuites avec une médiatrice accréditée ou un médiateur accrédité, en plus d’une heure réservée à la rédaction lorsqu’il y a une entente.

Citations

« Nous sommes convaincus que ce projet pilote de médiation présente de nombreux avantages pour les familles qui en bénéficieront. En plus de favoriser la discussion entre les parents, la médiation permettra d’impliquer davantage les enfants dans le processus décisionnel. Ce projet vise également à accélérer le traitement des dossiers en matière de protection de la jeunesse. »

Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice et procureur général du Québec

« Cette initiative s’inscrit en toute logique dans la volonté du gouvernement du Québec de s’assurer que l’intérêt de l’enfant prime dans toute décision le concernant. Durant le processus de médiation, l’enfant sera informé de ses droits et sera appelé à exprimer ses inquiétudes ainsi que ses besoins, et ceux-ci devront être pris en compte. Ce projet contribuera à offrir une meilleure protection à nos enfants. »

Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux

Informations complémentaires

Le projet pilote de médiation en protection de la jeunesse est une initiative du Barreau de Québec, du ministère de la Justice, du ministère de la Santé et des Services sociaux et du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale. Il permet de favoriser une nouvelle voie en introduisant un service de médiation en protection de la jeunesse indépendant, gratuit et rapide. Il s’agit également d’une recommandation formulée dans le rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.

SOURCE Cabinet du ministre de la Justice et procureur général du Québec (Extrait de newswire.ca du 27/06/2022)

En savoir plus sur https://www.newswire.ca/fr/news-releases/lancement-du-projet-pilote-de-mediation-en-protection-de-la-jeunesse-dans-quatre-nouvelles-regions-du-quebec-809349559.html

L’ACTEUR AMÉRICAIN FOREST WHITAKER VEUT FORMER LES JEUNES « AUX TECHNIQUES DE MÉDIATION » EN SEINE -SAINT-DENIS


L'acteur Forest Whitaker, le 29 janvier 2018 à Hollywood, aux Etats-Unis

« L’acteur afro-américain de 60 ans, qui a grandi dans un quartier pauvre de Los Angeles, veut investir dans la Seine-Saint-Denis avec son ONG « Whitaker Peace and Development Initiative » qui propose des projets éducatifs dans les régions touchées par la violence.

L’acteur américain Forest Whitaker va investir en Seine-Saint-Denis pour aider les jeunes à se former « aux techniques de médiation et de résolution de conflit et à l’entrepreneuriat », a-t-on appris jeudi auprès de son ONG, en marge du Forum de Paris sur la Paix.

Envoyé spécial de l’Unesco pour la paix et la réconciliation depuis 2014, Forest Whitaker est également le fondateur et président de la Whitaker Peace and Development Initiative (WPDI), une ONG créée en 2012 qui s’investit dans des projets éducatifs pour des jeunes vivant dans des régions touchées par la violence ou les conflits (Soudan du Sud, Ouganda, Mexique, Etats-Unis, Afrique du Sud) et désormais en France.

L’acteur marqué par la pauvreté lors d’une visite à Clichy-sous-Bois

C’est lors d’un voyage à Paris, où l’ONG est basée, au printemps dernier, que l’acteur oscarisé pour « Le Dernier roi d’Ecosse », a décidé d’investir en Seine-Saint-Denis. Le comédien afro-américain de 60 ans a été « marqué » par la pauvreté lors de sa visite dans le quartier du Chêne Pointu à Clichy-sous-Bois, décor des « Misérables » de Ladj Ly, a expliqué un porte-parole de la WPDI.

L’ONG en partenariat avec BNP Paribas va s’engager sur deux axes d’action: former des jeunes à la médiation pour résoudre les conflits et réduire la violence avec les acteurs institutionnels et offrir des formations à des métiers d’avenir, donner des clés pour monter un business. » (Extrait de bfmtv.com du 11/11/2021)

En savoir plus sur https://www.bfmtv.com/paris/seine-saint-denis-l-acteur-americain-forest-whitaker-veut-former-les-jeunes-aux-techniques-de-mediation_AD-202111110376.html

Protection de la jeunesse: projet pilote d’accès à la médiation à Québec


L’actualité

« Le gouvernement du Québec annonce lundi la mise en place à Québec d’un nouveau service de médiation en protection de la jeunesse sous forme de projet pilote.  

Le gouvernement précise que ce projet constitue la mise en œuvre d’une recommandation formulée dans le rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, soit celle de favoriser une nouvelle voie en introduisant un service de médiation en protection de la jeunesse indépendant, gratuit et rapide.   

La médiation en protection de la jeunesse constituera une nouvelle avenue possible avant le recours au tribunal. Elle permettra ainsi d’éviter à des enfants de vivre les répercussions parfois négatives du processus judiciaire traditionnel.  » (Extrait de lactualite.com du 6/09/2021)

En savoir plus sur https://lactualite.com/actualites/protection-de-la-jeunesse-projet-pilote-dacces-a-la-mediation-a-quebec/  

Webinaire : « L’écoute de l’enfant en médiation » avec Lorraine FILION, organisé par le CEMA et l’AMH le le 10 avril 2021, 18h30 – 20h


En savoir plus sur https://cemaphores.org/?na=v&nk=3492-5d2e170764&id=559

« L’enfant dans la médiation : un droit de l’enfant ? » par Anne Marion de CAYEUX avec la collaboration de Laurence HANIN-JAMOT (SYME)


L'enfant dans la médiation : un droit de l'enfant ?

Le 20 novembre 2019, nous fêtions le 30ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (1). De très nombreux colloques et formations ont été organisés en France pour promouvoir cette convention et plus généralement le respect des Droits de l’Enfant.

L’accent a été mis sur le fait qu’écouter l’enfant, dès lors que des décisions qui le concernent doivent être prises, y compris en médiation, est un droit de l’enfant. C’est aussi une condition pour dessiner le juste contour de son intérêt.

L’enfant peut être informé et écouté par ses parents, ou par un professionnel qualifié, ou par le médiateur s’il est dûment formé.

1. Les droits de l’enfant et notamment celui de participer aux décisions le concernant

Parmi les droits de l’enfant tels que déclarés à la Convention Internationale des Droits de l’enfant, deux apparaissent comme pivots car ils sont les garants de tous les autres selon le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU :

  • le droit de l’enfant que son intérêt soit considéré comme supérieur (à celui de ses parents ou de toute autre considération venant en balance avec son intérêt) (2)
  • et son droit d’être informé et de participer aux décisions (3) qui le concernent, qu’elles soient dans le domaine public ou privé. Avec en corollaire, le droit de l’enfant à la liberté d’expression et d’opinion (4).

Ce droit de participation de l’enfant aux décisions qui le concernent a traditionnellement été traduit par son droit d’être entendu par le juge dans le cadre des instances judiciaires initiées par ses parents, ainsi que le devoir de consulter l’enfant pour certaines décisions telles qu’un changement de prénom (5). Le Code Civil l’a institué plus largement en précisant que « Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. » (6)

Il est nécessaire aujourd’hui d’aller plus loin. Le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies a rendu deux observations particulièrement intéressantes au sujet de l’intérêt de l’enfant et son droit d’être entendu (7).

Dans l’Observation n°12, le Comité expose que « Les États parties doivent s’assurer que l’enfant est capable d’exprimer son opinion « sur toute question l’intéressant » : l’enfant doit être entendu si la question à l’examen le concerne. Cette condition de base doit être respectée et entendue au sens large. »

Elle concerne toutes les décisions y compris concernant sa scolarité, son état de santé, sa religion, ses loisirs, et bien sûr, sa résidence.

Il ajoute :

« Les principales questions sur lesquelles l’enfant doit être entendu sont les suivantes :

Divorce et séparation

51.En cas de séparation ou de divorce, les enfants sont, de toute évidence, concernés par les décisions des tribunaux. Les décisions relatives à la pension alimentaire de l’enfant, à la garde et au droit de visite sont prises par le juge lors d’un procès ou dans le cadre d’une médiation menée par le tribunal. Dans de nombreux États, la loi prévoit que, lors de la dissolution d’une relation, le juge doit accorder une attention primordiale à « l’intérêt supérieur de l’enfant ».

52. Pour cette raison, toute législation sur la séparation et le divorce doit inclure le droit de l’enfant d’être entendu par les décideurs et dans le cadre des processus de médiation. Certaines juridictions fixent, soit dans le cadre d’une politique, soit dans la législation, un âge auquel l’enfant est considéré comme capable d’exprimer sa propre opinion. La Convention, toutefois, prévoit que cette question doit être réglée au cas par cas, eu égard à l’âge et au degré de maturité de l’enfant, ce qui suppose une évaluation individuelle des capacités de l’enfant. »

L’Observation n° 14 du Comité affermit le droit de l’enfant de participer aux décisions le concernant en précisant que c’est l’information préalable de l’enfant suivi du recueil de son opinion qui est la phase préalable nécessaire à la détermination de son intérêt. L’enfant est considéré comme le meilleur expert de son intérêt. Sans sa participation, les décideurs ne sauront valablement déterminer ce qui est de son intérêt.

Cette participation ne fait pas de l’enfant un décisionnaire : il ne s’agit aucunement de lui faire porter le poids de décisions qui incombent uniquement à ses responsables. Le recueil de sa parole permet que les décisions soient adaptées, justes et réalistes.

Le médiateur rappellera aux parties le droit de leur enfant d’être associé aux décisions le concernant : il invitera les parents à exposer aux enfants les décisions envisagées et à recueillir leur opinion. Cela peut faire l’objet d’un travail intéressant en médiation, amenant les parents à adopter un discours commun à l’égard de leurs enfants.

Dans un certain nombre de situations, l’enfant aura des difficultés à parler à ses parents, et réciproquement. Soit parce que les parents sont en désaccord, soit parce que l’enfant est en désaccord avec l’un et/ou l’autre de ses parents.

Dans ces cas-là, l’écoute de l’enfant peut être confiée à un tiers dans un cadre spécifique « d’audition amiable ».

2. Concrètement, l’écoute de l’enfant : par qui, comment ?

Le Comité des Droits de l’Enfant dresse les contours principaux du processus d’écoute des enfants en ses observations 12 et 14.

Obs 12 : « Tous les processus dans le cadre desquels l’opinion et la participation d’un ou de plusieurs enfants sont sollicitées doivent être : transparents et instructifs, volontaires, respectueux, pertinents, adaptés aux enfants, inclusifs, appuyés par la formation, sûrs et tenant compte des risques, responsables »

Obs 14 : « Le processus d’évaluation formel doit être conduit dans un climat amical et sécurisant par des professionnels formés, notamment, à la psychologie de l’enfant, au développement de l’enfant et à d’autres disciplines touchant au développement humain et social, ayant l’expérience du travail auprès d’enfants et aptes à examiner de manière objective l’information reçue. Dans la mesure du possible, une équipe pluridisciplinaire de professionnels devrait être associée à l’évaluation de l’intérêt supérieur de l’enfant. »

En France, l’enfant aujourd’hui a la possibilité d’être entendu non seulement par le juge, mais aussi dans les dossiers réglés à l’amiable, que ce soit en médiation ou selon d’autres processus tels que les négociations entre avocats, les processus collaboratifs, les procédures participatives etc.

L’enfant est alors reçu par un professionnel dûment formé, l’auditeur amiable (8), qui l’informe de ses principaux droits, des décisions envisagées, recueillie sa parole, et la restitue à ceux qui doivent prendre les décisions le concernant (parents, administrateur, tuteur…).

La formation de l’écoutant est un fondamental, auquel l’attention devra être portée avant toute mission de recueil de la parole de l’enfant. (9)

L’auditeur est généralement un professionnel du domaine juridique (principalement avocat(e) d’enfant ou de la famille, ancien magistrat), psychologique, social (médiateur(rice) titulaires du DEMF, éducateur(trice), assistant(e) social(e)…), ou médiateur(rice). Il aura reçu une formation spécifique au processus d’audition amiable des enfants dans les dossiers le concernant.

Cet auditeur se distingue de l’auditeur intervenant spécialement sur délégation du juge aux affaires familiales, qui doit en l’état des textes, être un professionnel du secteur social, psychologique ou médico-psychologique (10).

L’auditeur amiable se distingue du médiateur car la mission de ce professionnel n’est pas d’écouter l’enfant au service de la recherche d’un accord entre les parents : sa mission est d’écouter l’enfant au service de l’enfant.

Le processus implique généralement que ce professionnel reçoive d’abord les parents, puis l’enfant en vue de lui donner des informations sur les décisions envisagées qui le concernent, et de recueillir son opinion et ses sentiments, en vue d’une restitution aux parents préparée avec l’enfant. La restitution se fait de préférence oralement et lorsque c’est possible, avec le/les enfants en présence des parents.

3. L’écoute de l’enfant en médiation

Le médiateur en matière familiale, tout en observant une stricte neutralité et impartialité, doit veiller à la prise en compte de l’intérêt supérieur de l’enfant (11).

La possibilité lui est même offerte de mettre à mal la confidentialité de la médiation dès lors que la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant le commande (12). On peut estimer que dans certains cas, le médiateur devra (et non pourra) faire le nécessaire pour protéger l’enfant, par exemple en faisant les signalements obligatoires lorsque la santé ou l’intégrité d’un mineur est en danger ou altérée.

La Commission Européenne pour l’Efficacité de la Justice (CEPEJ) recommande aux Etats membres et aux organismes participant à la médiation familiale de collaborer en vue de favoriser la possibilité pour les enfants de prendre part au processus de médiation (13).

Pour écouter l’enfant conformément à ses droits, plusieurs possibilités processuelles s’offrent au médiateur, selon la spécificité de l’affaire.

a. Information et écoute de l’enfant par le médiateur dans le cadre d’une médiation

Le médiateur, s’il est formé à l’écoute des enfants et au processus de médiation avec les enfants, peut recevoir les enfants.

Il s’agira d’un cadre particulier puisque l’écoute de l’enfant aura pour but non seulement d’ouvrir un espace de participation de l’enfant à la décision (comme dans l’entretien avec un professionnel dédié) mais aura aussi pour but de favoriser l’émergence d’un accord entre les parents tenant compte des sentiments de l’enfant.

Le médiateur peut également proposer de recevoir un adolescent dans les médiations spécifiques de reprise de liens parents / ados en rupture, visant à aider à la restauration d’un lien entre un parent et son enfant adolescent dont le lien aura été endommagé par la séparation parentale ou toute autre cause. Dans ce cas, il s’agira d’un travail de médiation entre le parent et son enfant, et non de la participation de l’enfant à une décision le concernant (14).

b. Information et écoute de l’enfant par un autre professionnel pendant la médiation

Le recours à un entretien de l’enfant avec un professionnel autre que le médiateur peut être proposé si le médiateur ne souhaite pas recevoir l’enfant (par exemple s’il estime que cela brouillerait sa posture, s’il craint que son impartialité ne soit fragilisée, ou toute autre cause, ou s’il n’est pas formé à l’écoute des enfants).

L’information et le recueil de la parole de l’enfant peuvent alors être délégués à un tiers : l’auditeur d’enfant dûment formé susmentionné (15).

L’auditeur adoptera une posture neutre, impartiale et bienveillante à l’égard de tous les participants à la médiation. Le professionnel pourra faire la restitution de la parole de l’enfant en séance de médiation.

c. L’enfant a le droit d’être assisté (d’un avocat, de son éducateur…) pendant l’entretien avec l’auditeur ou le médiateur

Dans tous les cas, l’enfant a le droit d’être assisté par son propre avocat. Et cela peut le soutenir grandement, dès lors qu’il existe des tensions parentales ou un conflit d’intérêt entre lui et ses parents.

L’avocat de l’enfant n’est pas neutre, à la différence du professionnel auditeur et du médiateur : l’avocat informe l’enfant de ses droits et le défend tandis que le professionnel auditeur et le médiateur ne peuvent défendre la parole de l’enfant mais seulement la transmettre.

La présence de l’avocat du mineur est particulièrement pertinente pour les médiations ordonnées par le juge dans la décision par laquelle il tranche le différend (16) : si l’enfant a été entendu par le juge accompagné par un avocat, il pourra vouloir conserver cet accompagnant qu’il connaît. En dehors de ce cas, le mineur peut aussi souhaiter être assisté, s’il souhaite avoir un soutien pour lui seul, ou si les parents sont eux-mêmes assistés de leur propre avocat dans la médiation.

La Commission Européenne pour l’Efficacité de la Justice (CEPEJ) préconise la participation de travailleurs sociaux, psychologues et/ou gardiens légaux à la médiation, lorsque des mineurs sont présents (17).

Témoignage :

 » Bien que médiateur familial formée, cette formation a apporté un autre éclairage sur ma pratique. En effet, en tant que médiateur familial je reçois, éventuellement, l’enfant dans le cours de la médiation de leurs parents. Lorsque je suis auditeur d’enfant, je travaille avec lui sur ce qu’il veut transmettre à ses parents tout en veillant à ce que cette parole ne soit pas figée dans le temps mais qu’elle reste l’expression d’un instant T. Dans les deux cas, il peut être accompagné par un avocat d’enfant. La différence tient dans la dimension qui est donnée à cette parole. L’enfant a une tout en sachant que sa parole ne sera pas décisionnaire. C’est son droit. Cette parole sera une « ouverture » pour les parents (ou les personnes responsables de l’enfant) pour rendre propice une décision future tout en initiant un dialogue parent / enfant. Cette posture délicate nécessite une vigilance et une grande prudence, ainsi qu’une réflexion constante pour adapter le processus . « 

L’auditeur amiable de l’enfant est un dispositif particulièrement intéressant pour la médiation.

Le médiateur, qui a pour mission en matière familiale de veiller à l’intérêt de l’enfant, doit savoir qu’écouter l’enfant dès lors que des décisions le concernant doivent être prises est un droit pour lui. C’est aussi une condition pour dessiner le juste contour de son intérêt.

Le médiateur dispose de plusieurs options pour permettre la participation de l’enfant aux décisions le concernant qui seront prises dans le cours de la médiation. Il lui revient de les proposer et de choisir la solution la plus adaptée avec les médiés, selon les spécificités de l’affaire.

Anne Marion de CAYEUX est avocat spécialiste en droit de la famille au Barreau de Paris
et médiateur, formée à l’audition des enfants et à la médiation de reprise de liens parents ados. Elle dirige différents travaux sur la parole de l’enfant dans les MARD
et coordonne et intervient à des formations d’auditeurs d’enfants ou de médiateurs.

Avec la collaboration de Laurence HANIN-JAMOT,
médiateur familial, formée à l’audition des enfants.

Notes

(1) https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/Conv_Droit_Enfant.pdf

(2) Article 3 CIDE – « 1. Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale. »

(3) Article 12 CIDE – «

Les Etats parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité.

A cette fin, on donnera notamment à l’enfant la possibilité d’être entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative l’intéressant, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un représentant ou d’une organisation approprié, de façon compatible avec les règles de procédure de la législation nationale. »

(4) Articles 13 et 14 de la CIDE

(5) Article 388-1 du Code Civil.

(6) Article 371-1 du Code Civil

(7) Observation générale no 14 (2013) sur le droit de l’enfant à ce que son intérêt supérieur soit une considération primordiale et Observation générale no 12 (2009) sur le droit de l’enfant d’être entendu

(8) https://www.institut-dfp.com/laudition-amiable-des-enfants.htm

(9) Diverses formations existent, notamment l’IDFP dispense des formations d’auditeurs d’enfants et tient une liste de professionnels (https://www.institut-dfp.com/formations/articles/formation-dauditeur-de-lenfant-un-professionnel-qualifie-a-lecoute-de-lenfant-111.htm)

(10) Article 388-9 du Code de procédure civile

(11) Article 8 de la Charte relative au processus de médiation familiale internationale http://ifm-mfi.org/sites/default/files/CHARTER/FRENCH/Charte_MFI_A5_FR.pdf et Recommandation n° R (98) du 21 janvier 1998 du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, III viii

(12) Article 21-3 de la Loi n° 95-125 du 8 février 1995

(13) Lignes directrices visant à améliorer la mise en œuvre des Recommandations existantes concernant la médiation familiale et en matière civile du 7 décembre 2007

(14) Une note intéressante de la CNAPE sur la médiation en matière de protection de l’enfance https://www.cnape.fr/documents/le-groupe-dappui-a-la-protection-de-lenfance-sinteresse-a-la-mediation-familiale/

(Extrait de

En savoir plus sur https://www.syme.eu/articles/49231