INTRODUCTION
La violence est une notion des plus obscures. Il me semble assez judicieux de dire qu’elle « est ce qui m’arrive et que je perçois comme telle »1. Chacun ne perçoit pas la violence de la même manière, on parle même des « violences » au pluriel.
Le monde scolaire n’échappe pas à cette perception. En effet, la violence à l’école est un concept difficilement mesurable car les indicateurs que l’on peut utiliser sont multiples2: cela peut être les sanctions disciplinaires prononcées (colles, avertissements, renvois…), les infractions pénales (problèmes de stupéfiants, atteintes aux biens, racket…), les incivilités (nuisances, bousculades…). C’est une notion d’autant plus complexe qu’elle est empreinte de subjectivité : un élève peut être traumatisé par un regard mais voir la bagarre comme un jeu ; un chef d’établissement peut ne pas déclarer certains incidents afin de ne pas « noircir » l’image de son école…
Ainsi, même si la violence est difficilement définissable, elle est toujours constatée dans les établissements scolaires, à plus ou moins grande échelle, et est le facteur majeur des souffrances vécues par l’adulte de la communauté éducative ou l’élève. La violence fait peur car elle est synonyme de menace contre l’ordre établi, transgressant les règles élémentaires de la vie en société3. Elle est d’autant plus terrifiante qu’elle fait partie intégrante de notre nature humaine et de nos pulsions.
C’est dans ce contexte qu’intervient la thématique de gestion des conflits. Le conflit peut se définir comme une « violente opposition de sentiments, d’opinions, d’intérêts »4 : il est synonyme d’opposition, d’antagonisme, de lutte, de discorde. Le lien entre violence et conflit est d’autant plus exacerbé que les conflits sont extrêmement diversifiés : structurels, de valeurs, relationnels… Ils sont finalement inhérents à toute vie sociale et en permettent la régulation5. Face à cette diversité impliquant nombre de souffrances, chacun adopte sa propre manière de gérer les conflits : on peut le fuir ou ne pas y répondre ; on peut le régler par soi-même ou avec un pair ; on peut le reporter à son supérieur… ou faire appel à un tiers.
La médiation intervient en ce sens et ne cesse de se développer. Elle nous est tous familière car elle se pratique au quotidien. Cette « médiation des différences »6 inclut un tiers (entourage, collègues, amis, famille…) qui nous permet souvent de créer des liens alors inexistants, recréer des liens distendus, pour construire le lien social ou en combler les déficits. Pourtant, la médiation existe également sous un registre plus ciblé, celui des conflits (médiation des
1 Debarbieux, E. La violence dans la classe. ESF Editeur (Paris), coll. Sciences de l’Education, 1990, p.22.
2 Bonafé-Schmitt, J-P. La médiation scolaire par les élèves. ESF Editeur (Paris), coll. Actions Sociales / Confrontations, 2000, p.58.
3 Debarbieux, E. La violence en milieu scolaire. ESF Editeur (Paris), 1999, p.19.
4 Dictionnaire de français Larousse. Définitions : conflit [en ligne]. Disponible sur : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/conflit/18127 (consulté le 13/06/2017).
5 Reynaud, J-D. Conflit et régulation sociale : esquisse d’une théorie de la régulation conjointe. In « Revue française de sociologie », vol. 20, n°2, 1979, p. 367-376.
6 Guillaume-Hofnung, M. La médiation. Puf (Paris), coll. Que sais-je ?, 2015, p. 68.
(Extrait du mémoire)
Mémoire à consulter https://www.observatoiredesmediations.org/Documentation/Bibliographie?Op=dC