« Le 17 septembre 1978, l’Égypte et Israël, avec la médiation des États-Unis, signaient les accords de Camp David. Ces accords historiques ont scellé la paix entre deux pays ennemis depuis trente ans. Ils n’ont pu cependant élargir cette paix à l’ensemble du monde arabe. Nos journalistes ont suivi avec attention ces événements.
Des accords historiques
« C’est devant son cabinet au grand complet, ainsi que des membres du Sénat et de la Chambre des représentants, que le président Carter, entouré du président Sadate et du premier ministre Begin, a annoncé la conclusion de deux accords-cadres devant mener à la paix au Moyen-Orient. »
C’est par cette phrase que notre correspondant à Washington Normand Lester commence son reportage présenté au Téléjournal du 17 septembre 1978.
L’événement que le journaliste analyse est historique.
En signant ce qu’on appelle communément « les accords de Camp David », le président égyptien Anouar el-Sadate, le premier ministre israélien Menahem Begin et le président américain Jimmy Carter soulèvent un immense espoir.
Leurs trois signatures pourraient mettre fin au conflit entre le monde arabe et Israël qui déchire le Moyen-Orient depuis plus de 30 ans.
Pour y arriver, il a fallu que les guerriers déposent leurs glaives et tendent le rameau d’olivier.
Les gestes de réconciliation, c’est le président égyptien Anouar el-Sadate qui les a posés le premier.
À la fin de 1977, le dirigeant égyptien, après quatre guerres entre les pays arabes et Israël, stupéfie le monde.
Il annonce qu’il est prêt à se rendre à Jérusalem, au cœur même du conflit israélo-arabe, pour entreprendre des négociations de paix avec l’État hébreu.
L’avion d’Anouar el-Sadate atterrit le 19 novembre 1978 à l’aéroport international David-Ben-Gourion de Tel-Aviv. Israël est en liesse. Une grande partie du monde arabe pour sa part fulmine.
Une première percée suivie de négociations ardues
Le 20 novembre 1977, le journaliste Jean Larin résume le cours de la visite officielle du président égyptien au Téléjournal qu’anime Myra Cree.
Anouar el-Sadate prononce à Jérusalem un discours devant le parlement israélien, la Knesset. Il propose aux députés israéliens des négociations de paix.
Mais quelques mois plus tard, Anouar el-Sadate et Menahem Begin, montrent de profonds désaccords sur le contenu de cette paix. Le président américain Jimmy Carter propose alors sa médiation pour dénouer l’impasse entre les deux ennemis.
Le président américain joue son prestige et pèse de tout son poids pour arriver à une solution. Du 5 au 17 septembre 1978, Anouar el-Sadate, Menahem Begin et Jimmy Carter négocient secrètement à Camp David.
Le fait que Camp David est une résidence d’été des présidents américains ne réussit pas à faire fondre l’atmosphère glaciale qui existe entre les délégations égyptienne et israélienne.
Anouar el-Sadate et Menahem Begin ne s’adressent même pas la parole durant les derniers jours des pourparlers! Ce n’est que grâce à l’extraordinaire talent de médiation du président Carter que les deux parties souscrivent finalement aux accords de Camp David.
Le reportage de notre correspondant à Washington, Normand Lester, présenté au Téléjournal le 17 septembre 1978 résume les principaux points des ententes.
Les conséquences
Les accords de Camp David ont profondément divisé les opinions.
D’une part, ils sont encensés par les gouvernements occidentaux. D’autre part, l’opinion arabe les honnit, car ils symbolisent à leurs yeux la traîtrise de l’Égypte envers la cause palestinienne.
En 1978, cette polarisation des opinions envers les accords de Camp David se manifeste lorsque Anouar el-Sadate et Menahem Begin deviennent récipiendaires du prix Nobel de la paix.
Le correspondant européen de la télévision de Radio-Canada à Bruxelles, Paul-André Comeau, se rend à la remise du prix à Oslo. Son reportage présenté au Téléjournal le 10 décembre 1978 dévoile un triste spectacle.
Le président égyptien n’a pas osé venir chercher son prix en personne. Le premier ministre israélien reçoit la médaille du Nobel dans une forteresse inexpugnable gardée par des dizaines de soldats norvégiens.
Les policiers norvégiens, pour leur part, doivent contenir les manifestants qui protestent bruyamment contre la décision des membres du comité de sélection des prix Nobel.
Le pire restait à venir pour le dirigeant égyptien. En effet, le président Anouar el-Sadate paiera de sa vie son geste de réconciliation avec Israël.
Le 6 octobre 1981, il est assassiné par des soldats égyptiens. Le motif de sa mise à mort est clair. Ses exécuteurs lui reprochent la signature des accords de Camp David et son abandon de la cause palestinienne.
30 ans après leur signature, que reste-t-il des accords de Camp David?
Israël et l’Égypte vivent en paix, même si cette dernière n’est pas la plus chaleureuse au monde.
L’élargissement de la paix entre Israël et le reste du monde arabe est demeuré presqu’entièrement lettre morte.
Quant au règlement de la question palestinienne, il est sans cesse repoussé aux calendes grecques. » (Extrait de ici.radio-canada.ca du 14/09/2018)
Vidéo et article à consulter sur https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1123813/egypte-israel-camp-david-accords-paix-histoire-archives