« En ce jour de fin septembre, dans une petite salle de réunion, au deuxième étage du tribunal de justice de Paris, Daniel (il n’a pas souhaité donner son nom), 85 ans, tient table ouverte. A la retraite, ce pharmacien de formation, devenu sur le tard juge de tribunal de commerce, est désormais conciliateur de justice. Son activité est de tenter de mettre d’accord deux parties adverses afin de leur éviter un long et parfois onéreux procès. De 9 heures à 18 heures, Daniel traite toutes sortes de conflits de la vie quotidienne : des histoires de copropriété, de succession, de voisinage, de contentieux divers et variés… » (Extrait de lemonde.fr du 30/10/2025)
« Le constat est sans cesse répété : la justice va mal et ne répond plus à ses missions. Comment la réparer ? Peut-être d’abord en cessant de considérer l’institution judiciaire comme la seule détentrice des moyens de » faire justice « . C’est à en envisager d’autres que s’emploient les justices dites » alternatives « , parmi lesquelles la justice restaurative, qui regroupe diverses pratiques – des rencontres entre » victimes » et » auteurs » aux cercles de soutien, en passant par les jeux de rôles pour cultiver l’empathie –, afin de responsabiliser les auteurs et prévenir la récidive, prendre soin des victimes et rétablir la paix sociale. Serait-ce la clé d’une justice plus juste ? Delphine Griveaud tente de répondre à cette question en étudiant sur le terrain les pratiques de la justice restaurative qui se sont développées dans le pays depuis 2014. Elle analyse les effets de son intégration au sein d’une institution pénale contre laquelle elle s’est pourtant construite. Elle plonge dans les rouages du système judiciaire, au plus près de ses publics comme de ses professionnel.les. Loin des visions iréniques qui font de la justice restaurative une solution miracle, elle propose un tableau lucide, nuancé, d’une manière de faire justice autrement qui se heurte à la réalité de l’institution. (Extrait éditeur)
L’apparition des médiateurs sociaux dans certains quartiers ou espaces publics, les conditions de leur recrutement et de leur activité interrogent leur reconnaissance professionnelle. Conduits à créer leur métier à partir d’eux-mêmes, sur la base de leur vécu passé et au coup par coup des interventions, leur identité professionnelle ne peut se démarquer de leur identité personnelle. Ils représentent donc un cas spécifique, mais emblématique, où une personnalisation particulière du rapport au travail pose le double problème de l’institutionnalisation et de la professionnalisation de cette activité. Le contexte d’apparition et celui de l’évolution de la médiation sociale, le manque de définition des missions confiées, les compétences attendues ainsi que celles mobilisées, la possibilité, enfin, d’entrevoir une carrière seront analysés. Les ambiguïtés d’une telle reconnaissance permettront d’esquisser les voies étroites d’une institutionnalisation et d’une forme nouvelle de professionnalisme.
The emergence of social mediators in some urban areas and public spaces, the way they are recruited and the way they conduct their activity call into question their professional recognition. By having to create their work by and from themselves, from their real-life experience and in an ad hoc way, their professional identity cannot be separated form their personal identity. In such conditions, they represent a special but very emblematic situation, in which personalisation of work leads to the specific problems of institutionalization and professionalization. We will analyze the context in which social mediation emerges and develops, as well as the lack of definition of its missions, the competences it requires, and, finally, the possibility for mediators to plan a career. The ambiguities of such recognition will allow us to outline the narrow ways of an institutionalization towards a new form of professionalism.
¿ Ser unomismo puede ser profesional ? El caso de los mediadores sociales La aparición de mediadores sociales en ciertos barrios o espacios públicos, las condiciones de su recrutamiento y de su actividad plantean el problema de su reconocimiento profesional. Conducidos a crear su profesión a partir de ellos mismos, sobre la base de su experiencia pasada y a medida de cada intervención, su identidad profesional no puede desmarcarse de su identidad personal. Ellos representan, por lo tanto, un caso particular, pero emblemático, donde una personalización particular de la relación al trabajo plantea el doble problema de la institucionalización y de la profesionalización de esta actividad. El contexto de aparición y el de la evolución de la mediación social, la falta de definición de las misiones confiadas, la posibilidad, en fin, de proyectar una carrera serán analizadas. Las ambigüedades de un tel reconocimiento permitirán de esbozar las vías estrechas de una institucionalización y de una nueva forma de profesionalismo. » (extrait)
« Ce nouvel essai est le premier titre de la collection « Petites flèches », dirigée par François Jullien.
La médiation prend une importance croissante dans nos sociétés. Mais ne garde-t-elle pas un certain flou au dire des médiateurs eux-mêmes ? Qu’est-ce qui résiste donc, en elle, à notre pensée ? Ne sommes-nous pas mieux disposés à penser la figure du Juge qui « tranche » le procès de l’extérieur, de par sa seule autorité ? Plutôt que celle du Médiateur engageant un processus d’où puisse advenir le « dénouement » du conflit ?
Quand le conflit survient, comment dénouer ce qui bloque et rouvrir un avenir ? François Jullien propose ici une suite de concepts pour éclairer la logique de la médiation et l’art d’opérer, tels le « potentiel de situation », le « biais », l’ »amorce », la « viabilité » ou la « disponibilité » ; ou encore l’ »écart « , l’ »entre » et la « dé-coïncidence ».
Au « compromis » de la concession et de la demi-mesure si souvent invoqué, ne faut-il pas préférer le com-possible – soit un possible ouvert aux parties en conflit – libérant ainsi une voie féconde ? Une leçon de la Médiation qui, sans doute, vaut aussi en politique.
« Car il ne s’agit plus alors de trancher du Juste ou de l’injuste, mais de trouver une issue positive et concertée aux contradictions et différends rencontrés et pouvoir ainsi les “dénouer”. Par suite, de rendre nos relations plus heureuses et nos pratiques plus viables : le dénouement – par ce qu’il défait de blocage – n’est pas tant un achèvement qu’un avènement. Il lève le rideau sur de nouveaux possibles. » (Extrait dehttps://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7379871217488654336/ )
« Le médiateur du livre Jean-Philippe Mochon publie ce 24 septembre son rapport d’activité 2024-2025*, marquant les dix ans de la création de cette fonction qui « a pris sa place dans l’écosystème éditorial français ». Il estime par ailleurs que l’institution s’est progressivement imposée comme une instance de concertation sectorielle au-delà même de ses missions initiales de règlement des litiges individuels.
Une médiation collective plutôt qu’individuelle
« Le médiateur est devenu une instance de médiation de filière pour travailler sur des sujets collectifs avec les organisations professionnelles », explique à Livres HebdoJean-Philippe Mochon. Cette fonction n’était » pas prévue au départ » (Extrait de livreshebdo.fr du 24/09/2025)
« L’Atlas de la médiation familiale dresse l’état des lieux de l’offre et de l’activité des services de médiation familiale conventionnés par département. Ce document dématérialisé s’adresse à l’ensemble des acteurs de la médiation familiale, décideurs, professionnels du secteur de l’action sociale, associations, etc. » (Extrait)
« Depuis le début des années 2000, et plus encore depuis la loi de 2016 portant modernisation de la justice au XXIe siècle, les modes alternatifs de règlement des conflits s’insèrent aujourd’hui, sous le sigle MARC, en droit positif français. Ces changements suscitent dans notre procédure actuelle, héritée de la période postrévolutionnaire, un bouleversement à nul autre second ; ils traduisent une recomposition des rapports entre la société et l’État en matière de gestion de conflits.
Since the early 2000s, and even more so since the 2016 law on the modernization of justice in the 21st century, alternative dispute resolution methods have been incorporated into French positive law under the acronym MARC. These changes have caused a complete upheaval in our current procedure, inherited from the post-revolutionary period ; they reflect a recomposition of the relationship between society and the State in terms of conflict management » (Extrait)