
Sous la houlette de la chambre d’agriculture, 22 médiateurs interviennent chaque année en Bretagne pour (tenter de) dénouer les conflits entre associés. Parmi eux, Jean-Yves Guillaume, 69 ans, éleveur porcin à la retraite, à Pluméliau-Bieuzy. Rencontre avec un homme de dialogue.
Pourquoi êtes-vous devenu « agri-médiateur » ?
Jean-Yves Guillaume : « J’ai longtemps été président de Cuma. Déjà là, j’étais confronté aux relations humaines qui peuvent se dégrader. En 2011-2012, je me suis formé dans le cadre du réseau Agri-médiation, porté par la chambre d’agriculture. Et, à la retraite, je m’y suis attelé… La médiation par les pairs aide à instaurer le climat de confiance nécessaire. Ça peut parfois être compliqué mais c’est humainement très enrichissant ».
À quel moment intervenez-vous ?
« Au départ, on partage des valeurs, on s’associe… Mais il peut arriver, au bout d’un certain temps, qu’on ne se parle plus assez. Petit à petit, la personne qui se sent lésée garde les choses… Ça peut finir par exploser. On ne peut plus se supporter alors qu’on doit continuer à travailler ensemble. Ça peut être la répartition des tâches, les choix d’investissement, la comptabilité, le courrier… Tout ce qui fait le quotidien d’une exploitation en fait. Il y a des situations de grande souffrance, de grande violence. C’est là que nous pouvons intervenir. Tout passe par l’animatrice du réseau. Soit ce sont les partenaires de la chambre d’agriculture, soit ce sont directement les associés qui la contactent. Il faut analyser la situation et convaincre tous les associés de participer à cette médiation. Sinon, ça ne marche pas… ».
Comment ça se passe ?
« La médiation s’organise en plusieurs temps et sur plusieurs semaines. On intervient toujours en binôme – un homme et une femme — pour être au plus près des sensibilités de chacun. Et les « jeunes » médiateurs interviennent toujours avec des bénévoles plus expérimentés. Le secteur géographique d’intervention est aussi très important : il ne faut pas que les médiateurs et les médiés se connaissent. Écoute bienveillante, reformulation, neutralité, confidentialité… Ce sont les maîtres-mots pour instaurer la confiance. Lors des entretiens individuels, il est très important que chacun puisse formuler son ressenti, ses aspirations, puisse vider son sac. On prend le temps qu’il faut, pour que tout soit dit.
Ensuite, on débriefe entre médiateurs et avec l’animatrice du réseau » – C. Marion – (Extrait de letelegramme.fr du 13/02/2022)
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