« Ce nouvel essai est le premier titre de la collection « Petites flèches », dirigée par François Jullien.
La médiation prend une importance croissante dans nos sociétés. Mais ne garde-t-elle pas un certain flou au dire des médiateurs eux-mêmes ? Qu’est-ce qui résiste donc, en elle, à notre pensée ? Ne sommes-nous pas mieux disposés à penser la figure du Juge qui « tranche » le procès de l’extérieur, de par sa seule autorité ? Plutôt que celle du Médiateur engageant un processus d’où puisse advenir le « dénouement » du conflit ?
Quand le conflit survient, comment dénouer ce qui bloque et rouvrir un avenir ? François Jullien propose ici une suite de concepts pour éclairer la logique de la médiation et l’art d’opérer, tels le « potentiel de situation », le « biais », l’ »amorce », la « viabilité » ou la « disponibilité » ; ou encore l’ »écart « , l’ »entre » et la « dé-coïncidence ».
Au « compromis » de la concession et de la demi-mesure si souvent invoqué, ne faut-il pas préférer le com-possible – soit un possible ouvert aux parties en conflit – libérant ainsi une voie féconde ? Une leçon de la Médiation qui, sans doute, vaut aussi en politique.
« Car il ne s’agit plus alors de trancher du Juste ou de l’injuste, mais de trouver une issue positive et concertée aux contradictions et différends rencontrés et pouvoir ainsi les “dénouer”. Par suite, de rendre nos relations plus heureuses et nos pratiques plus viables : le dénouement – par ce qu’il défait de blocage – n’est pas tant un achèvement qu’un avènement. Il lève le rideau sur de nouveaux possibles. » (Extrait dehttps://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7379871217488654336/ )
« L’étude proposée ici sur le contenu et le sens de la médiation sociale et interculturelle s’appuie sur une analyse des pratiques – diffuses ou professionnelles – à la lumière des théorisations ou conceptualisations empruntées aux sciences humaines et sociales, plus particulièrement la psychosociologie, l’anthropologie culturelle, la psychanalyse. L’auteur insiste sur l’institutionnalisation et la codification progressives des activités médiatrices depuis le milieu des années 1970 et sur leur insertion dans le corps des professions dites « nouvelles », dont la vocation est de faciliter et réguler la vie sociale, en traitant les tensions et conflits, selon des modalités diverses, mais toujours dans le respect d’une déontologie concertée et des valeurs cardinales de la société libérale démocratique. L’identité professionnelle des médiateurs s’est construite à mesure que se sont précisés et structurés les modèles et schémas de référence de l’intervention médiatrice, en même temps que se sont diversifiées les composantes démographiques et culturelles de notre société. » (Extrait)
« This study is about the content and meaning of social and cross-cultural mediation. It is based on an analysis of both professional and non-professional practices, viewed in the light of theorization and conceptualization taken from the social and human sciences, in particular, social psychology, cultural anthropology, and psychoanalysis. The author stresses the progressive institutionalization and codification of mediating activity which has been going on since the mid-1970’s, and their inclusion in professional groups known as « new ». The aim of such groups is to facilitate and regulate social life, dealing with tension and conflict by diverse means, but always with respect for deontology and the cardinal values of liberal democratic society. The mediator’s professional identity has been constructed in tandem with both the refinement and structuring of models of mediation, and the diversification of the demographic and cultural components of our society. » (Extrait)
L’article présente une analyse de l’innovation à travers divers champs de l’intervention et de la régulation sociale : médiation citoyenne, médiation familiale, droit collaboratif… L’auteur propose un examen des conditions d’émergence et de production de ces modes d’intervention sociale et juridique à l’aune des logiques d’innovation mises en avant par les acteurs impliqués : professionnels, experts, représentants d’association… Face à des situations sociales jugées insatisfaisantes, comment de « nouvelles » pratiques, renforçant notamment les capacités et l’inclusion des personnes, sont-elles développées et en quoi relèvent-elles de pratiques innovantes ? À travers un examen détaillé de ces pratiques et des discours des acteurs, nous proposons une modélisation idéal-typique de trois types de logiques d’innovation (transposables mutatis mutandis dans d’autres modes d’intervention sociale) fondées respectivement sur l’adaptation, l’importation ou la création d’une action. (Extrait)
The article presents an analysis of innovation through various fields of social intervention and regulation: citizen mediation, family mediation, collaborative law, etc. The author examines the conditions for the emergence and production of these modes of social and legal intervention in the light of the rationale for innovation put forward by the actors involved: professionals, experts, association representatives, etc. Faced with social situations deemed unsatisfactory, how are « new » practices developed, in particular to enhance people’s capacities and inclusion, and in what way are they innovative practices? Through a detailed examination of these practices and the discourses of the actors, the author proposes an ideal-typical model of three types of innovation logics (transposable mutatis mutandis to other modes of social intervention) based respectively on the adaptation, importation or creation of an action.
Présentation : « On le sait bien : il n’est pas de vie sans conflit. Toutes les entités sociales, des couples jusqu’aux nations, connaissent des tensions relationnelles. Et tout individu peut lui-même éprouver ses propres dissensions conflictuelles. Mais qu’en est-il précisément du conflit ? Du simple désaccord à l’hostilité violente, ses acceptions et leur gradation nécessitent d’être spécifiées. Par ailleurs, l’ambivalence du concept est souvent ignorée. Or, le conflit n’est pas nécessairement négatif ou destructeur. Il peut aussi être fécond.C’est généralement dans l’art de la médiation que se se révèlent les effets positifs du conflit. Il serait même aujourd’hui la panacée à toute situation de blocage relationnel ou d’injustice avérée. Mais tout est-il médiation? L’usage banalisé de ce vocable interroge. Là encore, il est nécessaire de préciser ce qui caractérise une procédure de médiation, afin de mieux la distinguer de la conciliation, du recadrage, de l’arbitrage, ou du jugement. Il est cependant un autre dispositif, tout à la fois préventif et curatif, à l’endroit du conflit : il s’agit de l’alliance. Plus qu’un contrat, l’alliance est un pacte de confiance, qui repose sur des promesses mutuelles. C’est donc dire ici la fécondité potentielle tout autant que la vulnérabilité de l’alliance, car celle-ci est souvent sujette à la pure incantation utopique, comme à l’instrumentalisation idéologique.Conflit, médiation, alliance : ces trois vocables constituent une véritable triade dialectique dont les connexions internes manifestent autant d’asymétries que de synergies. Cet ouvrage en fait l’analyse par plusieurs approches disciplinaires ou par diverses convictions subjectives et intersubjectives. Elles permettent d’explorer, à travers les débats les plus contemporains, les nouvelles modalités de notre « être ensemble ». (Extrait)
L’objet de ce premier webinaire organisé par la Revue des Médiations (RDM) est d’organiser un débat entre les auteurs d’articles de la RDM et les participants au webinaire à partir des numéros :
Le but de ce webinaire est d’engager une réflexion et un débat sur l’évolution contemporaine de la médiation (1970-2023) principalement dans l’espace francophone et européen mais aussi en lien avec ce qui passe en Amérique du nord et du sud.
Le webinaire se déroulera sur 1h30 avec deux séquences de 45 mn reprenant les thèmes des numéros 3 et 4 de la RDM :
« Dans le monde dynamique et complexe de la résolution des conflits, la médiation narrative offre une approche rafraîchissante et transformatrice, mettant en évidence le pouvoir des histoires dans la manière dont nous comprenons les conflits et les résolvons. Cette approche se distingue des méthodes traditionnelles de médiation, qui privilégient souvent la résolution de problèmes par la négociation des intérêts. La médiation narrative, quant à elle, plonge profondément dans les histoires et le langage que les individus utilisent pour décrire leurs conflits, reconnaissant que ces récits jouent un rôle central dans la manière dont les gens abordent le conflit et comment ils le résolvent. En se concentrant sur ces histoires, la médiation narrative offre un chemin vers une résolution de conflit plus durable et plus compatissante.
Qu’est-ce que la médiation narrative ?
La médiation narrative repose sur la croyance que les histoires que nous racontons sur nous-mêmes, nos relations et nos conflits façonnent notre compréhension de ceux-ci. Ces histoires ne sont pas simplement des reflets de la réalité ; elles construisent activement le monde dans lequel nous vivons, influençant la manière dont nous interprétons les événements, prenons des décisions et interagissons avec les autres. Dans une situation de conflit, ces histoires deviennent souvent rigides et enracinées, limitant la capacité des parties impliquées à trouver un terrain d’entente ou à développer des solutions créatives.
Dans la médiation narrative, la première étape consiste à externaliser le conflit. Plutôt que de considérer les parties comme le problème, le conflit est vu comme quelque chose de distinct des individus. Cela permet aux parties de prendre du recul par rapport au conflit et de le voir sous un angle différent. Cela réduit également la tendance à se rejeter mutuellement la faute, ce qui peut envenimer le conflit et rendre la résolution plus difficile. En séparant les individus du problème, la médiation narrative ouvre un espace pour des discussions plus objectives et permet d’explorer de nouvelles perspectives.
En pratique, la médiation narrative déplace l’accent de la résolution d’un problème spécifique vers la transformation de la manière dont les parties interagissent entre elles et avec le conflit. Elle encourage les individus à engager un dialogue qui réinvente leur relation avec le conflit, ouvrant ainsi la voie à une manière plus coopérative et empathique de résoudre les différends. » (Extrait linkedin.com du 26/02/2025)
« La posture du médiateur doit-elle nécessairement être empathique ? La pratique contemporaine de la médiation aux États-Unis – incarnée notamment par l’agressive mediation (ou « médiation agressive ») – incline à répondre négativement à cette interrogation. La présente étude entend, donc, décrire – dans les grandes lignes – le fonctionnement de cette forme nouvelle et iconoclaste de médiation ainsi qu’en expliciter les vertus éventuelles tout en vérifiant sa conformité avec les préceptes déontologiques fondamentaux du médiateur » (Extrait de actu-juridique.fr du 6/06/2018)