« A l’occasion de la Journée internationale des Femmes 2025, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) vous propose de partir à la rencontre de femmes engagées et inspirantes qui façonnent le monde francophone à travers une série de courts interviews et portraits. Trois questions à Johanna Hawari Bourjeily, fondatrice et directrice du Centre professionnel de médiation de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (Liban), partenaire de l’AUF, et membre de la Commission Médiation et Gestion des conflits de l’AUF.
Quelles circonstances vous ont conduite à épouser une carrière dans la médiation ?
Après l’obtention d’un diplôme d’études approfondies (DEA, ex-Master 2) en droit pénal et d’un diplôme de criminologie de l’Université Assas – Paris II (France), j’ai passé mon certificat d’aptitude à la profession d’avocat. C’est au cours de ma carrière d’avocate pénaliste à la Cour d’Appel de Paris que j’ai rencontré, par hasard, la médiation. En effet, je devais défendre une jeune femme de 21 ans accusée de coups et blessures et, le procureur, au regard de la nature de l’infraction, a proposé de soumettre au préalable ce cas à la médiation. Ce fut une révélation pour moi. Car, ce processus humaniste avait permis à la fois à la victime d’être entendue et reconnue dans sa souffrance et, à l’auteure du préjudice de prendre conscience des conséquences de son passage à l’acte et ainsi de se responsabiliser.
Pleinement acquise à cette cause, j’ai alors suivi une formation pour devenir médiatrice auprès de l’Institut de formation à la médiation et à la négociation de l’Institut catholique de Paris et du Centre de médiation et de formation à la médiation de Paris. Depuis ce jour, la médiation ne m’a plus quittée et a représenté à mes yeux, une voie à emprunter, celle de la non-violence.
En 2006, vous avez fondé le Centre professionnel de médiation à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Quel rôle lui avez-vous donné ?
Le Centre professionnel de médiation (CPM) a pour mission de promouvoir une culture de la non-violence et d’ancrer une éducation à la paix au Liban et au Moyen-Orient et ce, à travers la médiation comme outil de transformation sociale.
Le CPM a trois axes d’actions : il est à la fois un centre de formation, de médiation et un incubateur de projets, développés en collaboration avec des institutions nationales et internationales engagées telles que l’AUF, ONU Femmes, etc.
Il forme tant des professionnels provenant de divers secteurs de la société, que d’étudiants des universités libanaises et régionales, à travers le partenariat avec l’AUF, ou des élèves-médiateurs au sein des écoles publiques et privées au Liban.
Par ailleurs, des médiateurs professionnels diplômés du CPM sont mis à la disposition des citoyens pour les aider à prévenir et résoudre leurs tensions et conflits à l’amiable. Les médiateurs sont impartiaux et neutres et agissent dans un cadre éthique et déontologique.
Pouvez-vous partager une anecdote marquante où la médiation a vraiment changé le cours des choses ? Au lendemain de la guerre de juillet 2006, le CPM, en collaboration avec l’Association Médiateurs sans Frontières et le Mouvement Social libanais, a mis en place un projet regroupant 75 jeunes âgés de 14 à 20 ans de confessions et de régions différentes. Je me souviens en particulier de deux groupes de jeunes provenant de villages voisins dans le sud du Liban qui refusaient de se parler et de se rencontrer en raison de leurs divergences politiques et communautaires. Notre travail de médiateur a consisté à créer des espaces neutres et confidentiels de dialogue et d’écoute afin de les inciter à exprimer leurs ressentis, angoisses et appréhensions. Puis, nous les avons aidés à aller les uns vers les autres sans jugement ni a priori. À l’issue de ce projet, ces jeunes qui se diabolisaient sans même s’être rencontrés ont fini par nouer une belle amitié basée sur la compréhension mutuelle, le dialogue constructif et le respect de la différence. » (Extrait de auf.org du 28/03/2025)
« Dans chaque numéro, nous vous présentons un entretien avec une personnalité remarquable qui a laissé une empreinte dans le monde de la médiation. Nous avons eu la chance de rencontrer Thomas Fiutak, médiateur, formateur américain et célèbre dans le monde entier pour sa roue, outil indispensable à tout médiateur. C’était un samedi de décembre 2018, alors que la gronde des gilets jaunes secouait le pays. Nous sommes heureux de vous en livrer un extrait…
Quel médiateur n’a jamais entendu parler de la roue de Fiutak ? Fondamentale et outil repère pour tout médiateur, elle est à la médiation ce que la pyramide de Maslow est à la psychologie. Thomas Fiutak est un des pionniers de son temps dans le développement de la médiation outre-Atlantique. Enseignant, chercheur et formateur à l’université du Minnesota, il a mené des médiations et des négociations complexes au niveau international et formé toute une génération de médiateurs. Il nous livre son histoire et sa vision des choses. » (Extrait de intermedies-mediation.com du 18/03/2025)
« Avec la disparition de Johan Galtung (24 octobre 1930 – 17 février 2024), c’est toute la communauté des hommes et des femmes épris de paix et de « paix avec justice », et en son sein la communauté des artisans et des praticiens de la paix sous toutes les latitudes, qui se retrouve plus seule. Disparue, une figure essentielle, séminale, une figure indispensable pour la manière dont on regarde (et interprète) les conflits, qu’ils soient micro, méso, macro, voire méga, comme il aimait parfois les appeler, et dont on intervient dans (et transforme) les conflits, nourrissant, sur le chemin de recherche et d’action qu’il a tracé, l’espoir d’une « transcendance ».
Né à Oslo en 1930, docteur en mathématiques (1956) et en sociologie (1957), il a été professeur de sciences de la paix et expert en médiation et résolution de conflits. Il est le créateur de la méthode Transcend pour transcender les conflits et le fondateur du réseau Transcend pour la paix, le développement et l’environnement, ainsi que, auparavant, de l’Institut international de recherche sur la paix d’Oslo (1959) et du Journal of Peace Research (1964). Il a enseigné dans de nombreuses universités à travers le monde, notamment à Oslo, Berlin, Paris, Santiago du Chili, Buenos Aires, ainsi qu’à Princeton, Hawaï et Alicante. Il a été professeur honoraire à la Freie Universität Berlin (1984-1993), professeur distingué d’études sur la paix à l’université d’Hawaï depuis 1993 et professeur invité distingué à l’université John Perkins depuis 2005.
Il s’est impliqué à la fois dans la recherche, la médiation et la résolution de conflits. Il s’est occupé de plus de 150 conflits, tant internationaux que sociaux. Il est l’auteur de 96 livres et de plus de 1700 articles et chapitres. Parmi ses diverses récompenses, il a reçu le « Right Livelihood Award » [NdT: ce prix récompense ceux qui ont trouvé des solutions pratiques et exemplaires aux problèmes les plus urgents] en 1987, le prix Nobel alternatif de la paix, et, plus récemment, un diplôme honorifique en sciences politiques de l’Université Complutense de Madrid (2017). D’autre part, sa présence en Italie a été également très importante : inoubliable a été la lectio magistralis [leçon importante] qu’il a donnée lors de la conférence du Centre d’études SOUQ, le 13 décembre 2013, dans l’Aula magna de l’Université de Milan ; Non moins inoubliable a été sa lectio magistralis (« Nécessité et importance d’un Centre pour la prévention des conflits armés ») à la conférence nationale sur « La prévention des conflits armés et la formation des corps civils de paix », tenue à Vicence du 3 au 5 juin 2011, qui a représenté une contribution décisive pour relancer la voie de la construction de corps civils de paix et réaffirmer l’importance cruciale de la formation de leurs praticiens. Il s’agissait en même temps d’une véritable rencontre entre la paix et la citoyenneté. » (Extrait de pressenza.com du 20/02/2024)
« Président de 1994 à 2000, Martti Ahtisaari a joué le rôle de médiateur dans plusieurs conflits, de l’Indonésie au Kosovo en passant par la Namibie. Il s’est éteint lundi à l’âge de 86 ans.
Il avait joué le rôle de médiateur dans un grand nombre de conflits, de l’Indonésie au Kosovo en passant par la Namibie, obtenant de nombreuses distinctions, jusqu’au prix Nobel de la paix en 2008. Martti Ahtisaari, président finlandais de 1994 à 2000, est mort lundi 16 octobre à l’âge de 86 ans après avoir souffert de la maladie d’Alzheimer. « C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la mort du président Martti Ahtisaari », a dit l’actuel président, Sauli Niinistö dans un communiqué. » (Extrait de .lemonde.fr du 16/10/2023)
« Une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est attendue au Niger pour « négocier » avec les putschistes, a indiqué ce 2 août 2023 l’un des responsables de la Cédéao à l’ouverture d’une réunion des chefs d’état-major ouest-africains à Abuja. Cette délégation à Niamey est conduite par l’ex-président nigérian Abdulsalami Abubakar, avec dans ses rangs le sultan de Sokoto, un leader traditionnel et religieux de premier plan.
(…)
Abdulsalami Abubakar, artisan d’une transition démocratique
Après une longue carrière militaire débutée dans les années 1960, cet ancien chef des armées a succédé au général Sani Abacha, à la tête du pays, en 1998. Moins d’un an plus tard, Abdulsalami Abubakar organise des élections multipartites et transfert le pouvoir au président Olusegun Obasanjo, élu démocratiquement en 1999.
À 81 ans, Abdulsalami Abubakar préside toujours le Comité national pour la paix, un organe qui est notamment chargé de veiller au bon déroulement des élections nigérianes.
Muhammad Sa’as Abubakar III, des atouts de taille
Le sultan de Sokoto est lui aussi passé par une carrière militaire. Avant de monter sur le trône du califat de Sokoto, Muhammad Sa’ad Abubakar III, 66 ans, a participé à de nombreuses opérations militaires avec l’armée nigériane, notamment au Tchad ou en Sierra Leone.
Dès le milieu des années 1990, il occupe aussi le poste d’officier de liaison pour la Cédéao. Après la disparition tragique de son frère en 2006, Muhammad Sa’ad Abubakar devient sultan de Sokoto. » (Extrait de rfi.fr du 2/08/2023)
Jacqueline Morineau fut une compagne de route dans cette aventure de la médiation depuis la fin des années quatre-vingt et à titre d’hommage je reproduis le portrait que j’avais fait d’elle dans le numéro 9 de la Lettre des Médiations – JP Bonafé-Schmitt
JACQUELINE MORINEAU LA PRETRESSE DE LAMEDIATION HUMANISTE
Dans cette galerie de portraits des pionniers de la médiation francophone que nous avons publiés depuis le premier numéro de la Lettre des Médiations, Jacqueline Morineau, tient une place particulière (1). En effet, elle a été un des premiers acteurs de la médiation en France, notamment dans le domaine pénal avec la mise en place du premier dispositif de médiation pénale à Paris avec la création de SOS Agressions Conflits en 1984. Faire son portrait, c’est aussi retracer l’histoire de la médiation en France, de ses origines, de sa diversité… car Jacqueline Morineau a marqué de son empreinte, non seulement le mouvement de la médiation en France, mais aussi à l’étranger avec sa théorisation au fil des années de ce qu’elle a dénommé la médiation humaniste (2) . D’une manière plus personnelle, faire son portrait, c’est aussi me replonger dans une histoire commune, car je connais Jacqueline Morineau, depuis la fin des années quatre-vingt. En fait, de connaissance, c’est d’abord sa voix que j’ai entendue lors d’une émission de radio, sur France Inter oùelle relatait les premiers pas de SOS Agressions Conflits. J’ai très vite rencontré Jacqueline Morineau lors d’un de mes déplacements à Paris pour nous informer mutuellement sur nos expériences, car je venais juste de fonder, à partir des Boutiques de droit, une association de médiation de quartier qui allait devenir, en 1986, l’association AMELY (Association Médiation Lyon). Depuis cette date, j’ai gardé un lien avec Jacqueline Morineau et, ce qui explique que ce portrait soit empreint d’une forte subjectivité et sympathie à l’égard de Jacqueline Morineau et de son action en matière de médiation ; Et ceci même, si je ne partage pas toujours la vision spirituelle et même religieuse qu’elle a de la médiation. Cela dit, il convient de rappeler qu’à l’époque de notre rencontre, c’est-à-dire la fin des années quatre-vingt, c’était la préhistoire de la médiation, et Jacqueline Morineau avec SOS Agressions Conflits, fut une des pionnières de la médiation au même titre que les Boutiques de Droit à Lyon, ACCORD à Strasbourg, l’ARESCJ à Bordeaux, AIV à Grenoble….
De la révélation…à l’action. Pourtant si l’on se réfère à son parcours de vie, rien ne prédestinait Jacqueline Morineau à être une des pionnières de la médiation car à la suite d’études en archéologie, elle s’est spécialisée dans la numismatique grecque et a été chercheur au British Museum à Londres. Si c’est par le plus grand des hasards, comme elle le dit si bien, qu’elle est venue à la médiation, elle le doit surtout à une rencontre, celle avec Jacques Vérin, un magistrat qui occupait la fonction de directeur du service de la recherche du ministère de la justice. C’est à la demande de Robert Badinter, qui était devenu le ministre de la Justice sous la présidence de François Mitterrand après son arrivée au pouvoir, en 1981, que Jacques Vérin fut envoyé aux Etats-Unis pour un voyage d‘étude dans la perspective de proposer des réformes pour « humaniser » la justice en France. Il s’agissait, à l’époque, de répondre à la fois aux aspirations des victimes en leur assurant une plus grande place dans le processus pénal et une meilleure indemnisation mais aussi de prévenir la récidive en favorisant la réinsertion des infracteurs. Cette nouvelle politique se concrétisa par la création en 1982 d’un bureau de protection des victimes et de prévention au sein du ministère de la Justice. Si Jacques Vérin fut surtout connu comme un ardent défenseur d’une « politique criminelle humaniste », on ignore souvent qu’il a été un des pères spirituels de la médiation pénale comme en témoigne son article paru, en 1983, dans la revue de sciences criminelles et de droit comparé et intitulé « La médiation à San Francisco, New-York et Kitchener (Ontario) ». Cet article relate ce qu’il a pu observer lors de son voyage d’étude aux Etats-Unis et l’on retrouve les fondements qui donneront naissance à la première expérience parisienne de médiation pénale. Il rappelle que c’est à Kitchener, dans l’Ontario au Canada, que fut mis en place dès 1975, sous l’impulsion de l’Eglise mennonite, le premier programme de réconciliation entre victime et délinquant dénommé V.O.R.P. (Victim Offender Reconciliation Program). Dans ce même article, il relate le projet des Community Boards à San Francisco, mis en œuvre, en 1976 et dont la spécificité reposait sur la formation de bénévoles à la gestion des conflits. En retenant cette expérience et en participant lui-même à une séance de formation, Jacques Vérin a démontré qu’il était un véritable visionnaire, car quelques années plus tard San Francisco allait devenir « La Mecque » de la médiation en devenant la référence incontournable pour la plupart des pionniers de la médiation dans le monde entier. De son côté, Jacqueline Morineau a fait une courte formation à la médiation au sein des Community Boards, car elle a rapidement réalisé que les sources dans lesquelles elle pourrait puiser pour réaliser ses médiations, relevaient plus de son expérience de la tragédie grecque, comme elle l’a exposé dans son premier ouvrage, l’ « Esprit de médiation » (5) . C’est à la suite de cette phase de réflexion au cours de l’année 1983 que le Garde des Sceaux, Robert Badinter, lança le premier projet de médiation pénale en France. Cette expérience fut pilotée par l’association SOS agression Conflits que Jacqueline Morineau fut chargé de créer en début d’année 1984 avec pour mission de réaliser des médiations pénales à partir d’affaires renvoyées par le Parquet de Paris. Il est intéressant de souligner que l’expérience commença avec des cas de violence venant de ma 7ème section du Parquet. Jacqueline Morineau a été la fondatrice de cette association qui allait donner naissance quelques années plus tard au CMFM (Centre de Médiation et de Formation à la Médiation). Mais pour bien comprendre cet investissement, pour ne pas dire cet engagement, de Jacqueline Morineau dans cette aventure de la médiation pénale, il convient de faire un retour sur son passé londonien.
Du pénal au scolaire : les prémisses de la médiation humaniste. Lors de son séjour à Londres, Jacqueline Morineau, en parallèle à son activité professionnelle, s’est beaucoup impliquée dans un foyer d’accueil pour accompagner des jeunes en difficulté ou encore aider des sortants de prison pour se réinsérer dans la société. C’est au cours de ces activités qu’elle s’est rendu compte qu’elle avait une « relation naturelle », des « prédispositions à comprendre, à aider les autres » et ce sont ces expériences accumulées qui l’ont beaucoup aidée à construire sa manière de conduire un processus de médiation en matière pénale (6). En effet, comme beaucoup de pionniers de la médiation, Jacqueline Morineau, a été amenée à faire des médiations sans avoir été formée et elle a appris à faire une médiation en la pratiquant ce qui lui a permis de construire son propre modèle de médiation sur la base, notamment, d’un trinôme de médiateurs. A l’époque, ce modèle avait suscité de nombreuses interrogations pour ne pas dire critiques tout comme sa référence à l’Antiquité pour décrire le déroulement du processus de médiation. Et comme me l’a souligné « je n’ai jamais vécu de problèmes ou critiques de la part de la Justice qui était très satisfaite de notre travail ; ces critiques ont pu venir de la part d’autres médiateurs et dans ce cas étaient irrelevantes » Si les débuts de SOS Agressions Conflits furent prometteurs, très vite, le contrôle de cettstructure et de la médiation fit l’objet d’une confrontation entre Jacqueline Morineau et un autre pionnier, pour ne pas dire père de la médiation, je veux parler de Jean-François Six. Ce dernier est prêtre et le fondateur de l’association Droits de l’Homme Solidarités et un auteur prolifique d’ouvrages religieux. Sa facilité d’écriture l’a amené à écrire, en 1990 un des premiers ouvrage sur la médiation,au titre prémonitoire, : «Le temps des médiateurs » (8). Dès le début de l’activité SOS Agressions Conflits, il relata rapidement l’intérêt de cette expérience de médiation pénale dans une des revues qu’il a créées (9) . Ce dernier, tout en n’ayant eu aucun rôle, selon Jacqueline Morineau, au sein de SOS Agressions Conflits proposa une fusion avec son association Droits de l’Homme Solidarités. Mais cette fusion fut refusée par les membres de SOS Agressions Conflits. Et à l’image des tragédies grecques, une situation d’opposition se créa entre Jacqueline Morineau Jean-François Six et provoqua la fin de SOS Agressions Conflits. L’association fut remplacée par la création du CMFM à l’initiative de Jacqueline Morineau et J.F SIX créa LE Centre National de la Médiation. Si Jacqueline Morineau a été une des pionnières de la médiation pénale, elle a aussi joué un rôle de premier plan en matière de médiation scolaire, car dès le début des années quatre-vingt-dix, elle a mis en place un programme de médiation dans un collège, un lycée et un LEP à Villeneuve-laGarenne puis à Gennevilliers dans la région parisienne. Un projet similaire échoua dans un lycée à Bayonne en raison de l’opposition des syndicats. Malgré ces difficultés, Jacqueline Morineau a persévéré dans son action en direction du monde scolaire en développant des projets de médiation par les pairs, non seulement en France, mais aussi à l’étranger. C’est notamment le cas, en 1994 quand elle proposa un programme d’éducation à la paix pour les jeunes adultes (18 à 30 ans) par la mediation au Conseil de l’Europe. ce programme perdura plusieurs années, notamment lors du conflit entre la Serbie et Kosovo où elle a organisé des rencontres entre jeunes Kosovars et Serbes. C’est à partir de cette expérience accumulée sur le terrain que Jacqueline Morineau a théorisé sa pratique à travers l’écriture dans son premier ouvrage, au titre évocateur « l’esprit de médiation ». Comme son titre l’évoque, elle a voulu, à travers cet ouvrage, insuffler une certaine vision de la médiation et démontrer qu’elle n’était pas une simple technicienne de la médiation donnant des « recettes » pour réussir une bonne médiation, mais qu’elle voulait montrer « comment la médiation peut aider à transformer notre société »
Il est vrai que l’on retrouve en filigrane, dans cet ouvrage,les fondements de ce qui allait devenir un peu plus tard la médiation humaniste. C’est cette vision de la médiation et son action à travers le CMFM qui vont amener un certain nombre de centres de médiation, mais aussi d’universités en France comme à l’étranger, de la solliciter pour des formations et des conférences qui lui permettront de diffuser son modèle de médiation. Elle a enseigné de nombreuses années à l’université « la Bicocca » à Milan.
La médiation humaniste : dimension spirituelle de la médiation ? Comme nous venons de le voir, Jacqueline Morineau n’est pas seulement une praticienne de la médiation, mais c’est surtout une visionnaire de la médiation. J’ai choisi à dessein le qualificatif de visionnaire et non celui de théoricienne d’un modèle de médiation, car elle a toujours su insuffler à travers ses formations, ses conférences ou écrits, une vision singulière pour ne pas dire quasi religieuse de la médiation comme en témoigne le titre de son second ouvrage « le médiateur de l’âme » (11)
C’est dans ce dernier ouvrage que Jacqueline Morineau retrace le cheminement qui l’a amenée à définir ce qu’elle a appelé la médiation humaniste. Pour elle, la médiation a pour objet « d’accueillir la souffrance pour qu’elle se transcende et ouvre la voie à un nouvel équilibre, à une harmonie vécue avec soi-même et les autres et pourquoi pas à une forme de bonheur » (12). Lors de notre entretien, elle m’a rappelé cette vision spirituelle qui puise sa source, selon ses propos, dans « la recherche philosophique de sagesse des anciens reposant sur la conception ternaire de l’homme : corps, âme et esprit » (13)
Dans un écrit plus récent, Jacqueline Morineau, confie que « je suis une convertie, et cela je l’ai découvert bien après avoir commencé à pratiquer la médiation » (14). C’est en effet, tardivement à 65 ans qu’elle à vécu une « conversion christique » et qu’elle a fait le lien avec « la dimension christique de la et qu’elle a fait le lien avec « la dimension christique de la médiation » et elle a été même étonnée de découvrir dans les évangiles combien la pédagogie du Christ était proche de la pédagogie de la médiation : « il donne la parole, il ne juge pas. Il ouvre la personne à découvrir une nouvelle connaissance d’elle-même, il la met sur un chemin. C’est cela la médiation» (15).
En dehors de Jacqueline Morineau, j’ai souvent été étonné par la connotation très religieuse de la terminologie utilisée par bon nombre de médiateurs. C’est le cas par exemple de l’expression « on entre en médiation » pour signifier le début d’un processus de médiation comme si l’on entrait au couvent. Il en est de même de ceux qui « croient en la médiation » comme si la médiation relevait d’une croyance. C’est en raison de sa quête existentielle permanente que Jacqueline Morineau a toujours tenu une place particulière dans le monde de la médiation ou elle a aussi bien ses partisans, que ses détracteurs qui voient en elle la « catho de la médiation » (16).
Il est vrai que la médiation a ses gardiens du temple et que toute déviance les amène, comme au temps de l’Inquisition, à brûler au nom des grands principes de la médiation, ces hérétiques. En effet, Jacqueline Morineau, s’est toujours tenue à distance des préoccupations de ceux qui veulent faire de la médiation, une nouvelle profession ou un nouveau mode de contrôle social, elle a toujours considéré que la médiation est porteuse de sens et peut contribuer à une transformation de la personne et des rapports sociaux. Selon elle, la médiation a été transformative dès son origine et bien avant que les américains en parlent. Son discours, son prêche diront certains, n’est pas resté isolé, car elle a réussi au fil des années à fédérer autour de sa conception de la médiation, un certain nombre de « fidèles » que ce soit au sein du CMFM ou à l’extérieur notamment lors de ses stages de formation en France ou à l’étranger. Cette vision partagée de la médiation à donner lieu à la création d’un collectif regroupé au sein du Centre de Recherche sur la Médiation Humaniste qui s’est constitué sur la base des travaux d’un colloque tenu en avril 2011 au Centre Sèvres dans la région parisienne. Ce collectif est à l’initiative de la publication d’un véritable manifeste intitulé : « La médiation humaniste, pour ‘faire société’ dans la prise en charge des différends » (17).
Dans ce document, les auteurs soulignent que « la médiation humaniste s’inscrit dans les prémices trans-modernes de la transformation sociétale en cours. Réintroduisant le sens d’une solidarité existentielle, fondée plus sur le partage que sur l’échange, elle se présente comme un outil d’éducation à la paix, pédagogique et civilisateur, pour un humanisme de notre temps » (18). Ce collectif composé aussi bien de médiateurs que de chercheurs de France ou d’Italie tend à démontrer qu’il existe au moins en France et en Italie, un courant qui se retrouve autour de cette notion de médiation humaniste et qui se différencie de son homonyme américain animé par Marc Umbreit qui est le fondateur du Center for Restorative Justice & Peacemaking de l’Université du Minnesota (19). . Tout cela tend à démontrer que Jacqueline Morineau n’est pas seulement une pionnière de la médiation mais une véritable « figure » de la médiation et qu’au-delà de sa propre personne il convient d’apporter une attention particulière au courant de pensée qu’elle a initiée : la médiation humaniste.
Jean-Pierre BONAFE-SCHMITT
Notes
1 Cf aussi le portrait de Jacqueline Morineau paru dans de numéro 3 d’Intermédiés de mars 2018 2 Morineau Jacqueline. La médiation humaniste, érès, 2016
3 Entretien avec Jacqueline Morineau du 19/12/2018 4 Vérin Jacques, « La médiation à San Francisco, à New York et à Kitchener (Ontario) », Revue de sciences criminelles et de droit comparé, 1983 5 Morineau J. L’esprit de médiation, érès, 1998 6 Entretien avec Jacqueline Morineau du 19/12/2018
7 Entretien avec Jacqueline Morineau du 19/12/2018 8 Six Jean-François, Le temps des médiateurs, Seuil, 1990 9 Six Jean-François, Revue – Brèche cahier spécial n°40-42 : conflits, victimes, médiation, 01/01/1986 10 Morineau J. L’esprit de médiation, op. cit. 11 Morineau J. Le médiateur de l’âme. Le combat d’une vie pour trouver la paix intérieure, Nouvelle Cité, 2008 12 Ibdem 13 Entretien avec Jacqueline Morineau du 19/12/2018
14 Morineau Jacqueline. L’esprit de la médiation : un chemin d’humanisation réciproque dans le partage de nos valeurs communes, Connaître, n°42 juillet 2015 ; Entretien avec Jacqueline Morineau. La Médiation Humaniste , https://www.youtube.com/watch?v=3VR51e_yThk 15 ibidem 16 Entretien avec Jacqueline Morineau du 19/12/2018 17 Delcourt Marie-Odile, Dupleix André, Escalettes Guy, Giasanti Alberto, Le Roy Etienne, et al.. La médiation humaniste, pour ‘faire société’ dans la prise en charge des différends. 2015. ffhal-01171504f, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01171504 18 ibidem 19Umbreit Mark, Lewis Ted, What Is A Humanistic Approach to Mediation? An OverviewCenter for Restorative Justice and Peacemaking, 2015
(J’ai eu la chance de connaître Walid Slaïby et Ogarit Younan lors d’un séjour au Liban, à leur invitation, pour donner une formation à la médiation dans le cadre de leur Académie universitaire pour la non-violence et les droits humains (Aunohr). J’ai eu l’occasion d‘échanger avec lui sur la situation au Liban et c’était un fervent défenseur de la médiation, de la non-violence pour régler les conflits, non seulement dans son pays, mais aussi dans le monde. Walid Slaïby est parti trop tôt, mais il nous laisse un immense héritage et je suis certain que sa compagne Ogarit Younan saura le développer en continuant son action en faveur de la médiation et de la non-violence au sein d’Aunhor. – Jean-Pierre Bonafé-Schmitt –La Lettre des Médiations)
« Avec sa compagne de vie et de militantisme, la sociologue Ogarit Younan, le disparu aura initié une avancée palpable pour le Liban : le moratoire sur la peine de mort qui aura bientôt 20 ans.
Il était de ces adeptes de la non-violence qui ont rendu meilleure la société libanaise et le monde arabe. Une pensée qu’il a développée durant la guerre civile, au même titre que la laïcité, en réaction aux conséquences destructrices du conflit intercommunautaire libanais sur le tissu social. Walid Slaïby n’est plus. Il s’est éteint mercredi dernier à l’âge de 68 ans, vaincu par un cancer qui le rongeait depuis plus de 20 ans. Son nom, indissociable de celui de sa compagne de vie et de lutte, la sociologue Ogarit Younan, restera à jamais lié au militantisme pour le droit à la vie dans le cadre de la lutte pour l’abolition de la peine de mort. Les droits civils seront aussi au cœur de son combat pour une loi libanaise sur le statut personnel. Au même titre que les droits des travailleurs et la justice sociale, dès le début des années quatre-vingt, alors que la livre libanaise amorçait un premier effondrement.
Un immense héritage De son engagement au service du Liban, il laissera un immense héritage. Une multitude de livres, de publications, de traductions, de propositions de loi, d’associations, de progrès tangibles sur le terrain, toujours avec Ogarit Younan. Avec en couronnement l’édification en 2015 de l’Académie universitaire pour la non-violence et les droits humains (Aunohr), une institution éducative dédiée à la non-violence qui continue de former des générations d’étudiants, de militants, de syndicalistes prêts à prendre la relève. Ce parcours verra le duo plusieurs fois récompensé, notamment par le Prix des droits de l’homme de la République française 2005, le Prix de la Fondation Chirac en 2019 et le prix Gandhi pour la paix décerné en 2022 par la fondation indienne Jamnalal Bajaj, du nom du disciple du Mahatma Gandhi. » – Anne-Marie El-HAGE -(Extrait lorientlejour.com du 8/05/2023)
« Jean-Marie Muller est né à Vesoul en 1939. Dès 1967, date à laquelle il est encore professeur de philosophie en lycée, il se fait connaître en renvoyant son livret militaire au ministère des Armées qui lui refuse le statut d’objecteur de conscience. Traduit en justice à Orléans avec deux autres officiers de réserve également renvoyeurs de leur livret militaire, Jean-Marie Muller écope en 1969 de 3 mois de prison avec sursis. Ce procès a un écho retentissant dans la presse nationale. Il quitte l’enseignement pour se consacrer entièrement à la non-violence, dans le sillage de Gandhi et de Martin Luther King.
En 1973, Jean-Marie Muller participe au « Bataillon de la Paix » pour protester contre les essais nucléaires français dans le Pacifique, avec le général Jacques de Bollardière, le prêtre Jean Toulat et l’écologiste Brice Lalonde. En 1974, il est la cheville ouvrière de la création du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN https://nonviolence.fr/) avec Jacques de Bollardière et d’autres amis. Il sera porte-parole du MAN pendant de nombreuses années. En 1984, il s’investit dans la création de l’Institut de Recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (IRNC http://irnc.org/) où il sera directeur des études.
Avec d’autres chercheurs en non-violence, il participe en 1985 et pendant plusieurs années à un groupe d’étude sur la Défense civile non-violente dans le cadre du ministère de la Défense.
À la fois écrivain et militant, passionné par la philosophie de la non-violence, Jean-Marie Muller a enchainé, depuis les années 1970 et jusqu’à un passé récent, d’innombrables interventions (conférences, émissions radio et audiovisuelles) en France où il voyagera toujours en train, mais aussi en Europe, sur le continent américain et dans le monde arabe où plusieurs de ses ouvrages sont traduits. Quand la Pologne cherche à se libérer du communisme sous l’impulsion du syndicat Solidarnosc initié par Lech Walesa en1980, le livre de Jean-Marie Muller, Stratégie de l’action non-violente, est traduit en polonais sans que l’auteur le sache, puis imprimé dans la clandestinité à plus de 15 000 exemplaires. C’est cet ouvrage qui a convaincu les militants de Solidarnosc d’employer les méthodes de l’action non-violente qui ont fini par entraîner la chute du régime communiste polonais en 1988.
En 2013, Jean-Marie Muller reçoit le Prix international de la fondation indienne Jamnalal Bajaj pour la promotion des valeurs gandhiennes. Cette juste reconnaissance manifeste combien l’œuvre de Jean-Marie Muller plonge ses racines dans la pensée morale et politique de Gandhi. Jean-Marie Muller a écrit 36 livres sur la non-violence, dont plusieurs ont été traduits à l’étranger. Cette œuvre monumentale fait de lui un auteur incontournable pour qui désire s’opposer aux violences de façon constructive. « La violence n’est jamais la solution, aimait-il dire, elle est le problème. »
Jean-Marie Muller a écrit dans de nombreux journaux (Le Monde, Libération, La Croix, etc.) comme dans plusieurs revues, dont Alternatives Non-Violentes (http://alternativesnon-violentes.org/), dès le n°1 publié en 1973 et régulièrement jusqu’à 2018. Son dernier article dans cette revue critique la doctrine de la guerre juste qui légitime la dissuasion nucléaire française. Le désarmement nucléaire a été dans la vie de Jean-Marie Muller une préoccupation majeure, sans qu’il puisse voir de son vivant l’abandon par la France de la dissuasion nucléaire qu’il jugeait à la fois immorale, inefficace et dangereuse. » (Extrait de nonviolence.fr du 20/12/2021)
« Bernard Jouglain, directeur général de la Médiation de l’eau depuis sa création, en 2009, devient Médiateur de l’eau, après avoir été désigné, le 7 avril 2021, par le conseil d’administration, et auditionné, le 13 septembre 2021, par la Commission d’évaluation et de contrôle de la médiation de la consommation (CECMC). Il a été notifié en cette qualité et inscrit sur la liste européenne des médiateurs de la consommation à compter du 27 octobre. Son mandat est de trois ans, renouvelable une fois. Il remplace Dominique Braye, qui occupait le poste depuis six ans.
Ingénieur de formation, Bernard Jouglain a exercé, de 1975 à 2015, des responsabilités dans des services publics industriels et commerciaux (électricité, gaz, puis eau et assainissement). « Ce parcours professionnel largement consacré aux services publics, et plus particulièrement à leurs relations avec les usagers-abonnés, l’a conduit à être sollicité en 2009 en vue de créer et mettre en place la Médiation de l’eau », retrace la Médiation dans un communiqué. » (Extrait de actu-environnement.com du 28/10/2021)
Aujourd’hui député des français établis à l’étranger (Allemagne, Europe centrale et Balkans), et depuis peu Secrétaire général adjoint du Parti démocratique européen, Frédéric PETIT défend l’idée que « la médiation est une priorité nationale ! »
INTER-Médiés a interviewé cet homme passionné et passionant au sujet de l’amendement pour la création d’un Conseil National de la Médiation, adopté cette semaine en Commision des Lois dans le cadre du projet de Loi pour la Confiance dans l’Institution Judiciaire.
Médiateurs français ! La nouvelle d’un amendement pour la création d’un Conseil National de la Médiation ne vous a certainement pas échappé. Cet amendement vient couronner quelques années de travail en coulisse pour le collectif Médiation 21. Après la présentation à l’automne 2019 du Livre Blanc au législateur, une nouvelle étape clé est franchie avec l’amendement, porté jusqu’au sommet de l’État par Frédéric Petit, député de la 7ème circonscription des Français établis en Europe Centrale et Orientale dont l’Allemagne.
Intermédiés l’a rencontré pour un point d’étape à la veille de son passage dans l’hémicycle pour défendre l’amendement.
Intermédiés : Fréderic Petit, vous êtes député et médiateur. En quelques mots, comment êtes-vous arrivé à la médiation ?
Frédéric Petit : J’étais médiateur bien avant d’être député. Je n’ai pas du tout commencé ma carrière en politique. Je suis devenu député par un hasard des circonstances suite à mon implication au Modem dont je faisais partie depuis sa création, en tant que militant de base.
Avant cela j’ai passé 15 ans dans un projet social (ZUP), en tant que professionnel du travail social et associatif. J’ai ensuite changé de cap et préparé un diplôme d’ingénieur. A 36 ans, j’ai intégré Véolia qui en 97 s’appelait la Compagnie Générale des Eaux. S’en est suivi une carrière en énergie, réseaux de chaleur, environnement. J’ai passé quelques années comme directeur de la filiale des déchets en Pologne et me suis ensuite tourné vers le management des PME industrielles, ce qui m’a amené en Égypte.
Dans les années 90, les méthodes alternatives arrivaient en France et je m’y suis intéressé sur un plan professionnel. J’ai toujours évolué au milieu des conflits dans mon travail et je les gérais en faisant de la médiation sans le savoir.
J’ai suivi avec beaucoup d’attention la directive de 2008, et me suis aperçu que ce que je pensais être une méthode personnelle était en fait une réflexion très avancée dans certains pays. Il se trouvait qu’à ce moment-là, j’étais en Égypte où je manageais 1000 personnes pendant les révolutions. Le conflit est devenu mon quotidien. J’ai même été séquestré pendant une journée par les salariés. Nous avons discuté des heures et des heures et je m’en suis bien sorti. L’entreprise que je gérais existe toujours.
En 2014, je suis rentré d’Égypte et comme j’étais à mon compte et que j’avais un peu de temps, j’avais décidé de me former à la médiation à St Etienne. Je faisais tous les week-ends les allers-retours Varsovie(où j’habite)-St Etienne, c’est dire si j’étais motivé !
J’ai ensuite passé mon Diplôme Universitaire à Aix Médiation. Le sujet de mon travail portait sur la médiation polonaise depuis 1991 : les polonais ont une obligation de médiation avant toute grève et cela m’intéressait…
C’est à ce moment-là que j’ai été élu député.
Au début, je m’étais éloigné de la médiation tout en restant en contact avec le collectif Médiation 21. Je trouvais que ce collectif était très intéressant, surtout dans un contexte un peu flou où l’on trouvait de tout et n’importe quoi, par exemple en termes de formation…
Dès le départ j’étais clair sur mes intentions avec Médiation 21 qui pour moi est un lobbying.
J’ai toujours dit que mes actes seraient ceux d’un député de la Nation Française. C’est moi par exemple qui ais porté le Livre Blanc. Je voulais introduire ce Livre Blanc au ministre de la justice, non pour donner une feuille de route, mais pour éveiller l’intérêt sur un métier et sur l’activité de médiateur. Rendre compte de ce qui se passe sur le terrain. » (Extrait de intermedies-mediation.com du 21/05/2021)