
« On sait que la médiation est l’une des formes anciennes de règlement des
litiges, elle remonterait à des millénaires. Elle permettait dans les sociétés
primitives de mettre fin à toutes sortes de conflits, tant entre particuliers
qu’entre groupes sociaux opposés. Dans un monde, écrivait Emile Tyan1,
parlant lui de l’Arabie préislamique, ou il n’existe pas de puissance publique
ni d’État organisé, le tahkim – mot qui littéralement signifie arbitrage – va
servir à tempérer le recours à la justice privée, ce qu’on appelle le thar, la loi
du talion, œil pour œil, dent pour dent. L’intervention d’un hakam (arbitre)
empêchera l’exercice du thar (vengeance) par la recherche d’un accord entre
les parties pour établir le montant de ce qu’on appelle la diya, une
compensation pécuniaire qui remplace le thar.
En l’absence d’un système judiciaire organisé, c’est en toute matière
qu’il pourra être fait appel au hakam aussi bien pour répondre à de simples
dissensions familiales que pour résoudre des litiges entre particuliers ou
même des querelles de pouvoir. Il peut arriver, parfois que le chef du clan,
de la tribu, ou le sage du village prennent eux-mêmes l’initiative d’intervenir
pour mettre fin au litige, notamment au cas où celui-ci risque de s’élargir :
Mais lorsqu’il s’agit d’intérêts privés, c’est le plus souvent les parties elles
mêmes qui conviennent de confier à un tiers le soin de trouver un accord.
Dans les deux cas, il y a une interposition dans le litige d’une ou de deux
personnes appelées hakam qui vont essayer de concilier les parties et de
trouver avec elles une solution pouvant mettre fin au différend sans en
référer à des normes préétablies ou à une autorité publique. » (Extrait)
Article à consulter sur https://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_2017_num_69_1_20808?q=M%C3%A9diation%20#ridc_0035-3337_2017_num_69_1_T5_0102_0000
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