« La médiation, levier de transformation sociale. L’expérience du CMFM au commissariat du 20ème arrondissement » par Alex LEGRAND (syme.eu)


« Le 9 décembre 2024, le CMFM (Centre de médiation et de formation à la médiation) a participé au colloque organisé au Sénat par Médiation 21 sur le thème de « La médiation, levier de la transformation sociétale ». Lors de cet événement, Jacques Rigon, commissaire du 20ème arrondissement de Paris, a partagé son expérience extrêmement positive de la médiation pratiquée par le CMFM au sein de son commissariat. Cette intervention a mis en lumière l’importance de la médiation comme outil de transformation sociale, favorisant le dialogue et la résolution pacifique des conflits.

L’intervention du commissaire Jacques Rigon lors du colloque

Qu’est ce qui vous a amené à mettre en place cette démarche innovante ?

« Depuis 2021, le commissariat du 20e arrondissement de Paris a mis en place un dispositif de prise en charge des différends par la médiation, en amont de toute procédure judiciaire. C’était une initiative audacieuse pour un grand commissariat parisien, car cela ne faisait pas du tout partie de notre culture. Mais comme depuis un peu plus de trois ans, le parquet avait de moins en moins recours à la médiation comme alternative aux poursuites, il nous a fait cette proposition, et j’ai tout de suite levé la main car il y avait une opportunité d’apporter des réponses à tous ces petits conflits du quotidien.

Au départ, nous avions lancé cette initiative avec une ambition modeste : avoir des médiateurs présents quelques demi-journées par semaine à l’accueil pour un contact direct. Ensuite, nous avons vu que c’était insuffisant. J’ai donc décidé d’attribuer un bureau au CMFM pour les intégrer pleinement dans le commissariat et faire de la médiation une offre complète pour tous nos usagers. Notre commissariat est très fréquenté, avec 40 000 personnes par an pour déposer plainte et pour tout type de démarche. Nous gérons donc ces petits conflits du quotidien, conflits de voisinage, conflits du travail, parfois entre automobilistes, et le commissariat est chargé de repérer les situations pour les confier à la médiation. D’un côté les déclarations d’usagers, tous ces gens qui viennent déclarer leurs conflits et, de l’autre, les plaintes formelles qui sont déposées par les victimes de ces conflits et qui attendent des réponses. »

Quels sont les résultats obtenus, trois ans après ?

« On peut dire que cela marche très fort et que c’est vraiment très utile, avec 60 % de résultats, soit de médiations réussies à 100 %, soit une écoute positive qui permet de faire un grand pas vers la solution. Les déclarations des usagers enregistrées tous les jours concernent souvent des conflits auxquels nous n’avons pas de réponse. Les gens viennent, mais rien ne peut être fait. Maintenant, grâce à la médiation, nous apportons une vraie réponse, une réponse nouvelle pour permettre aux gens d’essayer de vivre ensemble.

L’autre avantage concerne le traitement des plaintes. Nous avons 20 000 dossiers pour 90 enquêteurs. Auparavant ces plaintes étaient confiées à des enquêteurs qui passaient du temps à auditionner, puis à solliciter le Parquet pour avoir une réponse. Le résultat peut-être le plus spectaculaire, c’est au contraire qu’en prenant le conflit dès le départ, dès le premier signalement, on observe un effet de prévention de l’escalade des conflits. En effet, les gens qui ont un conflit sont dans la souffrance. Ils viennent le signaler au commissariat en pensant qu’on va faire quelque chose. Si on ne fait rien, le conflit persiste et on finit avec des plaintes formelles. Avec la médiation, chaque problème est traité sans attente, et on évite toute escalade du conflit. » (Extrait de syme.eu du 5 juin 2025)

En savoir plus sur https://www.syme.eu/articles/180100-la-mediation-levier-de-transformation-sociale


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