Sénat : Proposition de loi visant à développer le recours à la médiation présentée par Nathalie DELATTRE, sénatrice


EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Notre système judiciaire fait face, depuis plusieurs années, à un engorgement structurel de plus en plus inquiétant. Manque de moyens, accumulation des litiges du quotidien et dégradation des délais d’audiencement, n’ont été qu’accentués par la crise sanitaire de la COVID-19. Pour rattraper le retard accumulé sur des stocks de dossiers, des procédures jugées plus efficaces ont été expérimentées (priorisation des dossiers, multiplication des procédures sans audiences, incitation au recours à la visioconférence etc.). Malheureusement, ces dernières n’ont fait que renforcer l’image d’une justice déshumanisée.

Pourtant, en parallèle, de timides tentatives de développement de procédures de règlement non juridictionnel des différends ont vu le jour en France. Et, la loi n°2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice a notamment permis à tout juge d’enjoindre les parties à un litige à rencontrer un médiateur afin de les inciter à poursuivre une procédure de médiation.

Mais, le recours aux modes alternatifs au procès n’ont cependant pas fait l’objet d’une véritable politique nationale de l’amiable dans notre pays, contrairement à ce l’on a pu observer au Canada, au Royaume-Uni, en Italie, ou en Belgique. Or, la médiation constitue un outil précieux, qui permet non seulement de réduire le nombre de jours d’audiencement (la durée moyenne d’une médiation est de 60 jours tandis qu’un procès devant les tribunaux prend entre 375 et 395 jours en France1(*)) mais aussi les besoin matériels et humains nécessaires, le coût des frais de justice supporté par l’Etat ainsi que les coûts économiques et sociaux que peuvent générer une rupture brutale des relations entre individus en conflit. En effet, l’intérêt de la médiation est également de permettre aux justiciables de se réapproprier le procès, d’en devenir des acteurs responsables, de porter eux-mêmes leur parole et d’écouter celle de l’autre, de se comprendre mutuellement, d’aborder l’entièreté du conflit aussi bien dans ses aspects économiques, relationnels, psychologiques que sociaux. Au-delà de l’accord ponctuel qui mettra fin, le cas échéant, au procès soumis au juge, il s’agit également de nouer ou de renouer un lien social entre des parties opposées par un litige et de préserver l’avenir, si elles sont amenées à continuer d’entretenir des relations, qu’elles soient de nature commerciale, familiale, de voisinage ou autre.

Malgré tous ces atouts, la médiation a du mal à trouver sa place dans notre institution judiciaire en raison de plusieurs facteurs analysés notamment dans deux rapports de la cour d’appel de Paris, de juin 2008 et de mars 2021, les raisons essentielles de cette situation tenant à une absence d’institutionnalisation de l’amiable dans les juridictions et à un manque de cohérence du corpus juridique2(*). C’est ce dernier écueil que cette proposition de loi entend corriger.

L’article 1er vise à instituer un cadre de définition générale et souple pour toute procédure de médiation3(*), en précisant concrètement le rôle du médiateur4(*).

L’article 2 introduit le devoir d’impartialité5(*) du médiateur et le prémunit de tout risque de conflit d’intérêts.

L’article 3 définit les règles de confidentialité6(*) dont peuvent bénéficier les parties au cours de la procédure de médiation.

L’article 4 prévoit le contrôle du juge de l’accord des parties issu de la procédure de médiation, aux fins de s’assurer que ce dernier ne contrevienne pas à l’ordre public.

L’article 5 dessine les contours de la réunion d’information7(*) incitant les parties à entrer en médiation conventionnelle ou judiciaire et à prévoir des sanctions8(*) pour celles ne déférant pas à cette injonction du juge.

L’article 6 inscrit la nécessité de faire respecter un principe de loyauté dans la démarche de médiation par l’ensemble des parties, et que le médiateur en soit le garant.

1 Rapport commandé par le Parlement européen de 2014, « Rebooting the mediation directive : assessing the limited impac of its implementation and proposing measures to increase the number of mediations in the EU ».

* 2 Rapport de la Cour d’appel de Paris de mars 2021, « La promotion et l’encadrement des modes amiables de règlement des différends », p.49.

* 3 Ibid.

* 4 Ibid.

* 5 Ibid.

* 6 Rapport de la Cour d’appel de Paris de mars 2021, « La promotion et l’encadrement des modes amiables de règlement des différends », p.95.

* 7 Rapport de la Cour d’appel de Paris de mars 2021, « La promotion et l’encadrement des modes amiables de règlement des différends », p.106.

* 8 Ibid.

(Extrait de senat.fr du 10/11/2022)

En savoir plus sur https://www.senat.fr/leg/exposes-des-motifs/ppl20-820-expose.html

Journée nationale contre le #harcèlement scolaire : Les collèges s’attaquent au harcèlement comme celui de Chaumont en Haute-Marne


« Ce jeudi 10 novembre marque la Journée nationale contre le harcèlement scolaire. Dans ce cadre, au collège Louise-Michel, les élèves de 3e ont participé à un ciné-débat. D’autres initiatives ont été mises en place par l’établissement. Celles-ci s’inscrivent dans le programme pHARe.»

(…)

Dispositifs nombreux et récents

La CPE détaille différents types de violences. « Il y a une différence entre les agressions et le harcèlement, mais aucun des deux n’est minimisé. Le harcèlement se déroule sur le long terme. L’agression est ponctuelle. Les faits concernés sont nombreux. Il s’agit de moqueries, de coups ou encore de racket. »

Par ailleurs, elle note une évolution du phénomène avec les réseaux sociaux. « Il n’y a plus de coupure », déplore-t-elle. Valérie Gelmini souligne également la position des adultes, bien souvent gardés à l’écart de ces épisodes. « Dans le film, les adultes sont présents, mais le harcèlement ne se produit pas là où ils sont. »

Afin de lutter contre le harcèlement scolaire, d’autres mesures ont été prises par le collège. Depuis plus de cinq ans, un dispositif de médiation par les pairs a été mis en place. Cette année, dans le cadre du programme pHARe, onze élèves, membres du conseil des délégués pour la vie collégienne, vont être formés à la lutte contre le harcèlement. Ils seront amenés à faire de la sensibilisation, mais aussi des actions, comme l’accueil des CM2 afin de créer le lien entre les promotions et de prévenir des moqueries dont peuvent faire l’objet les 6e.

Autre dispositif instauré, un cahier “Non au harcèlement” mis à disposition sur “Mon bureau numérique”, un espace numérique de travail accessible aux parents. S’y trouve un protocole visant à identifier et résoudre toute situation d’agression ou de harcèlement grâce à une série de questions.

Résoudre des problèmes par la communication non-violente

Depuis plus de cinq ans, le collège Louise-Michel a instauré un dispositif de médiation par les pairs. « L’objectif est, qu’en cas de conflit, des médiateurs aident les différentes parties prenantes afin qu’elles trouvent une solution grâce à la communication non-violente », indique la CPE du collège. Cette médiation vise les conflits, pas le harcèlement. Si une telle situation est repérée, les médiateurs ont pour consigne de prévenir un référent car ça ne relève pas de leurs compétences.

Les médiations respectent un protocole bien précis. « On commence par dire bonjour et tous se présenter. Ceux qui sont en conflit lisent des règles à respecter, comme ne parler que de soi et de ses sentiments. S’ils ne sont pas d’accord, on arrête la médiation. S’ils le sont, ils signent un papier et on commence », explique Léa, élève en 3e et médiatrice.

Son camarade Nello poursuit : « Chacun leur tour, ils expliquent leur version du conflit. Ensuite, on leur fait reformuler les propos de l’autre, comme ça on est sûrs qu’ils se comprennent bien. Enfin, on essaie d’approfondir avec eux le problème, de les faire échanger sur leurs sentiments, pour qu’ils trouvent sa vraie source et qu’ils puissent le résoudre. » -J. Guinamard – (Extrait jhm.fr du 10/11/2022)

En savoir plus sur https://jhm.fr/harcelement-colleges-attaquent/