« C’est un peu le bureau des soucis. Ceux en tout cas qui font le quotidien des gens qui habitent des quartiers comme la cité HLM de l’Abreuvoir, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Ce lundi-là, c’est jour de médiation sociale dans le local de Femmes relais, place des Nations-Unies, aux murs couverts d’affiches rappelant ici les gestes barrières en neuf langues, là les multiples modes de contraception possibles. Dans une semaine, l’association doit fermer pour la pause estivale, mais pour l’instant, une nouvelle personne entre toutes les cinq minutes. Avec chacune son petit lot de problèmes
Arrive par exemple Aissatou (1), qui se lave lentement les mains avec du gel hydroalcoolique et revêt son masque. La jeune femme, en débardeur bleu recouvert d’un châle jaune, semble épuisée, tout comme son fils de 2 ans qui dort dans la poussette. La veille, grâce aux gâteaux qu’elle a vendus, elle a pu acheter un morceau de viande. Mais elle s’est endormie en laissant son plat sur le feu… « Tu ne peux pas rester avec tous ces problèmes dans ta tête. Assieds-toi, on va prendre les choses une par une », rassure Fanta Sangaré, la directrice de Femmes relais.
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Problèmes de papiers, d’emploi, difficultés administratives, logement…, la médiation sociale reste l’activité de base de l’association. Mais, sur adhésion, on y a aussi accès à toute une série d’ateliers – sur les écogestes ou la sexualité –, de sorties – au Parc Asterix ou au Louvre –, ainsi qu’une foule d’activités, qui vont des cours d’informatique à la marche nordique en passant par la couture et le soutien scolaire.
Depuis quatre ans, pour faire face aux besoins croissants de la population, Femmes relais distribue également des colis alimentaires. Ce lundi-là, 44 colis ont été distribués. En djellaba beige, la fine Amina examine les victuailles. Un peu de poulet, pas mal de fruits et légumes, un pain, quelques biscuits et laitages… « Heureusement qu’il y a ça ! », s’exclame cette mère d’une fillette de 10 ans. Pendant le confinement, son mari, employé au noir dans le bâtiment, a perdu son travail. Il ne l’a toujours pas retrouvé. « Je ne sais pas comment je vais faire en août quand ça sera fermé. »
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Femmes relais
L’histoire. À la fin des années 1980, dans certains quartiers défavorisés de banlieue, le besoin se fait sentir de trouver des personnes capables de faire le lien entre les familles issues de l’immigration et les institutions. Des « femmes relais » font alors office d’interprètes et de médiatrices. D’abord bénévole, ce travail devient salarié avec la création, en 2000, des postes d’« adultes relais ».
L’antenne de Bobigny. Créée en 1988, la structure compte onze salariés, hommes et femmes. En 2019, son activité principale, la médiation sociale, a reçu 5 450 personnes. Un quart (24 %) des dossiers concerne des questions de régularisation, 16 % l’emploi, 15 % la Sécurité sociale, 10 % la CAF, 8 % le logement…
(1) Les prénoms des bénéficiaires ont été changés pour préserver leur anonymat.
-Nathalie Birchem – (Extrait de la-croix.com du 2/08/2020)
En savoir plus sur ttps://www.la-croix.com/France/Tu-peux-pas-rester-tous-problemes-Bobigny-main-tendue-femmes-relais-2020-08-02-1201107433
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