
« Depuis la violente interpellation de Théo et la mise en examen de quatre policiers, dont l’un pour viol, les tensions sont fortes en Ile-de-France. Dans les quartiers, pour ramener le calme, les médiateurs sont en première ligne. Nathalie Doménégo leur donne la parole.
Depuis le 2 février 2017, manifestations, affrontements avec la police et dégradations font la une de l’actualité. C’est la violente interpellation du jeune Théo, 22 ans, qui a mis le feu aux poudres. La mise en examen de quatre policiers, dont l’un pour viol, et les appels au calme de la famille, des associations et des élus, n’ont pas réussi à ramener la sérénité dans les quartiers sensibles
Les médiateurs en première ligne
Sur le terrain, dans les quartiers sensibles d’Ile-de-France, les associations et les médiateurs ne veulent pas baisser les bras même s’ils doivent redoubler d’effort pour continuer à défendre les valeurs de justice et d’égalité auprès des jeunes.
Avec l’affaire Théo, les médiateurs ont du mal à se faire entendre
Kélif Sofiane est responsable du service jeunesse de la ville de Bondy. Il se demande comment défendre ces valeurs de respect et de justice après ce qui s’est passé avec Théo. Dans le même service à Bondy, Hamidou Diol, s’énerve contre les médias « Quand il y a quelques petits abrutis qui viennent, qui font de la casse, on généralise tout de suite, alors qu’en fait, c’est vraiment pas la majorité« . Pour preuve, il rappelle que le lendemain des dégradations, des jeunes sont allés nettoyer le quartier avec des sacs-poubelle « et ça on l’a pas valorisé » regrette-t-il.
Réellement, on est là, on est solidaire, on est homogène : Hamidou Diol à Bondy
Amidou Diol en a assez des clichés. « Ici c’est la mixité, le vivre ensemble, qu’on essaye de mettre en place« , dit-il avec passion. « Le combat, c’est l’union » explique ce médiateur et ç’est sur cette idée qu’il veut que tous se mobilise.
Que dire à ces jeunes lorsqu’ils apprennent que la République elle-même, représentée par les forces de l’ordre, ne respectent pas ses valeurs ? Reportage à Bondy et Aulnay-Sous-Bois de Nathalie Doménégo
Nous ne pouvons pas vivre dans les stigmatisations perpétuelles : Hadama Traoré à Aulnay-sous-Bois

Hadama Traoré est un enfant du quartier de la Rose des Vents à Aulnay. C’est aussi le quartier de Théo. Hadama Traoré connait ce quartier comme sa poche. Il salue tous ceux qu’il croise. Il connait tout le monde et tout le monde le connait.
Le quartier a changé… en bien
Ce quartier de la Rose des vents, à Aulnay, où Hadama Traoré a grandi, a changé… »en bien » dit-il. « Il fut un temps, une action comme Théo, cela aurait été quatre ou cinq jours d’émeutes alors que là, voilà, ça a brûlé quelques poubelles, quelques voitures..« . Dans le passé, cela aurait été bien pire, explique Hadama Traoré qui ne veut pas « se faire passer pour un bon samaritain« . « Quand j’étais jeune, avoue-t-il, « j’ai été interpellé à plusieurs reprises pour outrages et rébellion« .
J’avais comme un diable qui rentrait dans mon corps
Hadama Traoré reconnaît que « on a tellement une image négative du policier, que lorsqu’on voit un policier en face de nous, qui veut nous contrôler, on se met directement sur la défensive. Et la défensive crée le rapport de force« .
Quand il était enfant, il avait des difficultés scolaires, il était difficile à canaliser. Ce qui a changé sa vie, ce sont les cours de soutien mis en place par le Secours catholique. Il a passé son BAFA (diplôme d’animateur) et il est devenu animateur. Aujourd’hui, à 34 ans, c’est un autre homme. Il travaille depuis 2010 pour la ville d’Aulnay-sous-Bois à l’Antenne jeunesse. Il veut faire passer un message constructif à travers un mouvement citoyen qu’il vient de créer : La révolution est en marche. (Extrait francebleu.fr du 16/02/2017)
Document audio à consulter sur https://www.francebleu.fr/infos/societe/banlieues-ce-sont-les-mediateurs-qui-en-parlent-le-mieux-1487241465
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