
« L’éducation au respect d’autrui, une responsabilité partagée: tel était le fil rouge de la visite de la rectrice d’académie le mercredi 19 février dernier, au collège Jules-Verne à Buxerolles puis à l’école Micromégas dans le quartier Saint-Éloi à Poitiers. Ces deux établissements, qui développent depuis plusieurs années le dispositif de la médiation par les pairs, sont des exemples pour Bénédicte Robert. Les témoignages des jeunes médiateurs l’ont convaincue de l’intérêt d’étendre le dispositif en ciblant de manière prioritaire l’école élémentaire.
Une résolution « non violente » des conflits
Éduquer les élèves, petits et grands, à l’identification et à la résolution des conflits pour éviter qu’à la longue les choses ne dégénèrent, c’est tout l’objet de la médiation par les pairs. « Une méthode qui fait ses preuves », souligne Manuel Balmer, le directeur de l’Aroéven-Poitiers (Association régionale des oeuvres éducatives et de vacances de l’Éducation nationale) à l’origine du déploiement de la médiation au collège Jules-Verne en 2010. « C’est un dispositif bien porté par l’établissement, précise-t-il. Il permet la responsabilisation, l’autonomie des jeunes qui s’impliquent mieux dans la vie du collège. » La principale Rachel Marquer l’atteste, la médiation est bien ancrée dans la culture de l’établissement. À ce jour, 42 écoles, collèges et lycées se sont inscrits dans ce dispositif dans l’académie.
La médiation s’exerce par un binôme d’élèves (une vingtaine à Jules-Verne comme à Micromégas) selon un protocole bien précis. Elle se déroule dans un lieu dédié, jamais dans la classe ou dans la cour. Ce sont les élèves en conflit qui doivent choisir de faire appel à la médiation.
« On ne force pas,
on n’impose pas…
On ne juge pas »
Ils sont invités à relater les faits, à exprimer leur ressenti, à écouter l’autre et à rechercher des pistes pour renouer le dialogue. « On ne force pas, on n’impose pas la médiation, explique le directeur de l’école, on essaie de convaincre. »
Régler les petits conflits quotidiens entre élèves, avec des médiateurs bien identifiés qui se prénomment Adam, Irène, Thomas, Tiphène, Quentin, etc., permet aussi de créer un meilleur climat scolaire. « On n’a jamais vu deux fois de suite des élèves qui ont fait l’objet d’une médiation, explique l’un des adultes référents du collège. Parfois, le simple fait de prendre rendez-vous pour une médiation suffit pour résoudre le problème… Personne ne les juge. »
Un outil de prévention contre le harcèlement
Les médiateurs ne s’occupent que de « petits conflits », et d’incivilités « mineures », par exemple des moqueries, des bousculades, des désaccords, des disputes banales, des insultes, des rumeurs, des jalousies. C’est aussi un moyen de contrer, à la source, le harcèlement. Dans ce cas plus complexe, c’est l’adulte qui prend la main.Si la médiation n’est pas un outil de traitement du harcèlement, elle reste avant tout un outil de prévention, qui permet aux élèves de prendre conscience qu’il est possible de mieux vivre ensemble, et qu’un conflit peut être facilement stoppé.
Quand la rectrice questionne sur les compétences d’un médiateur, Adam, fort d’une expérience de trois ans, les résume ainsi: « Il faut être à l’écoute, se mettre un petit peu à leur place, après ça va tout seul! » Sur ce qu’est le harcèlement? Un camarade de 6 cite des insultes, des menaces « presque tous les jours, c’est dur de supporter ça, parfois ça peut aller jusqu’au suicide ». En poursuivant ses échanges, Bénédicte Robert a pu constater qu’eux-mêmes ont souffert un jour de l’isolement et de harcèlement durant leur scolarité dans le premier degré. « C’est une pression morale, témoigne un autre collégien. Souvent à la base, c’est un peu un jeu, ça leur plaît, alors ils continuent, leur but c’est de le pousser à bout… Cela m’est arrivé en primaire. » – Philippe Bruyère – (Extrait de centre-presse.fr du 2/03/2020)
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