L’article se propose d’analyser comment la médiation familiale, profession qui s’est inscrite récemment dans le champ social, a pu apporter de nouveaux paradigmes dans la distance habituellement observée par les professionnels de ce champ. Son traitement des conflits familiaux avec son mode d’accompagnement des séparations se révèle être une approche originale orchestrée par l’intervention d’un tiers médiateur neutre, impartial et indépendant, au sein d’un espace dédié, confidentiel, que les personnes choisissent librement d’investir pour tenter de résoudre elles-mêmes leurs différends. Toutefois, cette distance n’est pas exempte de paradoxes, comme nous le développerons dans cet écrit.
Family mediation: search for the right distance
This paper proposes to analyze how family mediation – a profession that has recently entered the social work – has managed to bring new paradigms to the relational distance usually observed by professionals in this field. Its way of dealing with family conflicts and accompanying separations is an innovative approach, orchestrated by the intervention of a neutral, impartial and independent third-party mediator within a dedicated, confidential space that people freely choose to invest, in order to attempt to resolve their own disputes. However, such distance is not exempt from paradoxes, as we will discuss in this paper. (Extrait)
La médiation se veut un processus démocratique qui permettrait à chaque partie de participer à la construction d’une issue – si pas d’une solution – pour sortir d’un litige. Son principal outil pour ce faire est la parole. Mais cette prise de parole n’est pas sans mobiliser de nombreux enjeux. Nous explorerons dans cet article quatre limites de la parole que l’on peut rencontrer dans le cadre de la médiation. Tout d’abord, la parole est intimement liée au désir et aux passions humaines, ce qui ne permet pas toujours de la considérer comme le résultat d’un processus raisonné qui ne cherche à communiquer que ce qu’elle énonce stricto sensu. Parler instaure des places entre les interlocuteurs, parfois de manière inconsciente. De là se dégagent des questions quant à la neutralité et l’impartialité du médiateur notamment. Nous poserons ensuite la question de savoir en quoi les valeurs de la médiation peuvent venir contaminer quelque chose du processus de médiation et de la position même du médiateur comme tiers, l’invitant à un processus autoréflexif. La prétention de compréhension empathique ou de rétablissement de la communication, sera également interrogée. Nous suggérons que le malentendu, les méprises entre les parties ne sont pas nécessairement un échec. Parfois la coexistence nécessite une part d’ombre, et le malentendu alors est une réussite. Enfin, nous explorerons les limites liées au désir de reconnaissance. Si parler permet aux humains de se donner une certaine reconnaissance réciproque, ce même désir est source de conflit et parfois érige des obstacles au processus de médiation
Some proposals about the virtues and limits of speech in the mediation’s practice
Mediation is a democratic process that would allow each party to participate in the construction of an outcome – if not a solution – to resolve a dispute. Its main tool for doing so is speech. But speaking can also lead to many challenges. We will explore in this article four limits to speech that can arise in the context of mediation. First, since speech is intimately linked to human desire and passions, it is not always considered as stemming from a reasoned process that seeks to communicate only what it states stricto senso. Talking creates places between the interlocutors, sometimes unconsciously. This then raises questions as to the neutrality and impartiality, particularly regarding the mediator. Furthermore, we consider how the values of mediation might contaminate an element of the mediation process and even the mediator’s own position as a third party, thus triggering a self-reflexive process. The claim of empathetic understanding or reestablishing communication will also be questioned. We suggest that misunderstandings between the parties are not necessarily a failure. Sometimes coexistence requires some shade, and the misunderstanding can become a success. Finally we explore the limits linked to the desire for recognition. If speaking allows humans to give themselves a certain mutual recognition, this same desire is a source of conflict and sometimes erects obstacles to the mediation process.
« Sur une initiative de l’APMF Bretagne, tournés à Lorient, écrits, réalisés et joués par des médiatrices familiales diplômées d’Etat : – Cécile PÉNOT, https://cecilepenot.com – Isabelle PÉNIN, https://www.questiondefamille.org » (Extrait de youtube.com du 19/10/2022)
« Les espaces familiaux (services de médiation familiale et espaces de rencontre) ont pour vocation de travailler la question du lien et de l’altérité dans des situations où le conflit vient mettre en péril la communication à l’Autre et la relation à l’enfant. Dans leurs pratiques quotidiennes, les médiateurs familiaux et, a fortiori, les accueillants d’Espace Rencontre sont confrontés à des familles pour lesquelles les conflits à l’œuvre sont, bien souvent, de très forte intensité et pour lesquelles des violences sont alléguées voire mises en acte. Depuis le Grenelle contre les violences faites aux femmes et aux enfants, de nouvelles dispositions ont vu le jour. Alors que le nouveau référentiel relatif aux Espaces Rencontre s’est adapté à de nouveaux modes de prise en charge, la loi du 30 juillet 2020 est venue apporter du trouble parmi les professionnels de la médiation familiale qui ont interrogé la Fédération sur leur légitimité à intervenir auprès de familles lorsqu’il y a des allégations de violences. » (Extrait)
Lieu : Auberge de jeunesse Yves Robert 20 esplanade Nathalie Sarraute, 75 018, Paris 18ème
Informations : contact@fenamef.asso.fr ou 02 31 46 87 87
« La Commission de la Justice (Belgique) a entamé le 2 février 2022 l’examen de la proposition de loi modifiant le Code judiciaire en vue de financer une partie du recours à la médiation familiale.
Cette proposition prévoit l’ajout d’un article 1729/1 dans le Code judiciaire.
Il prévoit la prise en charge par le SPF Justice des médiations hors assistance judiciaire pour tous les couples avec enfant(s) qui se séparent ou sont déjà séparés ou divorcés.
Pour les différends qui concernent l’autorité parentale, l’hébergement des enfants, les obligations alimentaires à leur égard ainsi que les résidences séparées, les parties pourront:
Suivre cinq séances gratuites de médiation familiale par un médiateur agréé lorsqu’aucun jugement n’a été pris ou aucune convention établie entre parties sur les solutions à rechercher pour leurs enfants communs;
Suivre trois séances gratuites de médiation familiale par un médiateur agréé lorsqu’un jugement ou une convention doit être revu en raison de circonstances nouvelles et ayant trait aux solutions à rechercher pour leurs enfants communs. Ce jugement ou cette convention à réviser doit dater d’au moins un an;
Faire rédiger gratuitement par le médiateur une convention reprenant leur accord partiel ou total.
Le médiateur sera librement choisi parmi la liste des médiateurs agréés par la Commission fédérale de médiation. » (Extrait de gemmeeurope.org du 11/02/2022)