Rapport 2018 du médiateur de l’énergie


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« Le médiateur national de l’énergie, chargé de régler des litiges entre les clients et les fournisseurs, publie son rapport d’activité 2018, mardi 14 mai. Jean Gaubert s’inquiète de la hausse persistante du nombre de litiges, 37% en deux ans. Le nombre d’affaires liées aux factures augmente lui de 60%. Les problèmes de raccordement aux réseaux progressent aussi sensiblement (+64%).

C’est assez incompréhensible qu’un certain nombre de factures continuent d’être inexacts, que les relevés de consommation n’aient pas été bien faits ou bien transmis.

Jean Gaubert
médiateur de l’énergie

à franceinfo

En 2018, le médiateur de l’énergie a dû traiter près de 17 000 demandes de litiges. Toutes les catégories augmentent mais certaines plus que d’autres. Ainsi, les médiations relatives à des problèmes de facturation (blocage de factures, erreur sur le prix, règlement non pris en compte…) représentent 44% de l’ensemble des litiges.

Sur ce chapitre, le fournisseur d’électricité italien ENI décroche le bonnet d’âne du plus gros nombre de litiges, toutes catégories confondues (253 pour 100 000 contrats) suivi de Total Spring (126 pour 100 000) et d’Engie (92 pour 100 000). « Chez ENI, dès qu’il y a un grain de sable, on ne sait pas l’enlever, on ne sait pas le régler. Cela fait plusieurs années que ça dure, je suis médiateur depuis 5 ans et demi, j’ai toujours connu des problèmes avec ENI », assure Jean Gaubert.

De plus en plus de concurrence

« On est dans un moment de concurrence effrénée, chacun essaie de conquérir les clients de l’autre », explique Jean Gaubert. Une trentaine de fournisseurs d’électricité et de gaz naturel ont été recensés en 2018, contre 8 en 2007. « Ce qui est assez extraordinaire, c’est qu’ils sont tous libéraux, mais leur libéralisme s’arrête quand on parle du client : quand le client est à moi, surtout personne n’y touche, mais quand il n’est pas à moi j’ai le droit d’agresser, j’ai le droit de faire tout ce que je veux », regrette Jean Gaubert.

Le médiateur note une « recrudescence de mauvaises pratiques » qui accompagne cette concurrence : méthodes commerciales douteuses, offres « vertes » pas si vertes, promotions faussement alléchantes ou encore multiplications des « trophées clients ». Sur ce dernier point, le médiateur suggère « de remettre de l’ordre dans cette jungle des récompenses ». Selon lui, il n’y avait pas moins de problèmes avant l’ouverture à la concurrence mais « ils se réglaient mieux »« y compris parce que la présence des agents EDF était très forte sur le terrain ».

Les petits arrangements sur les régulations

Autre point noir, la consommation. Le médiateur rappelle à l’ordre les opérateurs qui « ne respectent pas l’interdiction légale de facturer des rattrapages de consommations de plus de 14 mois ». Dans 10% des cas, l’interdiction des régulariser au-delà de 14 mois n’est pas respectée par les fournisseurs. Le médiateur pointe aussi leur manque de réactivité après la pose d’un compteur Linky. Car le compteur mesure la consommation en temps réel. Mais les fournisseurs mettent un an à régulariser les factures au lieu de modifier les mensualités, d’où quelques mauvaises surprises.

Dernier chiffre notable de ce rapport : 6,7 millions de personnes sont touchées par la précarité énergétique en 2017, soit 12% des ménages français qui consacrent plus de 8% de leur revenu à leur facture énergétique. » (Extrait de https://www.francetvinfo.fr/economie/linky/rapport-du-mediateur-de-l-energie-le-nombre-de-litiges-lies-aux-factures-augmente-de-60_3442487.html )

Rapport à consulter sur https://www.energie-mediateur.fr/wp-content/uploads/2019/05/RA-MNE-2018-interactif.pdf

Publication de la NEWSLETTER DE L’APMF de mai 2019


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En savoir plus sur http://p86.mj.am/nl/hhqt/m5ng7.html?m=AMQAADvAk8MAAca3kZoAAAAABCwAAVNIhaAAHb2XAAgZkwBc1_b9QlcWGTyXRSSIhRPbf6HUfQAAKRI&b=16c7e394&e=c53b8e56&x=iKoN_9c4z3-kubns55titN7OQUKRvdoG8y1Izs8kTVw

La médiation : un outil d’avenir pour le monde agricole


 

L'Action Agricole Picarde - L'hebdomadaire agricole et rural de Picardie

Le 4 avril, le centre de médiation professionnelle des Hauts-de-France organisait une rencontre, à Amiens, sur la médiation, outil d’avenir pour le monde agricole.

« Pas une jour ne se passe sans que les média   l’écho de conflits entre le monde agricole et la «société». Ferme des mille vaches, projets de méthanisation, projets d’extension d’élevages de porcs, de poules, de vaches, haies arrachées mettant en péril la biodiversité, chant des coqs le matin irritant le voisinage, odeurs des vaches… La liste est longue comme le bras. Sans oublier, au sein même du monde agricole, les conflits liés à la transmission des exploitations, aux successions, aux baux, etc. Si l’existence de conflits auxquels sont confrontés les agriculteurs ne datent pas d’hier, la diffusion accélérée de l’information, qui se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, donne l’impression d’une montée en flèche de ces conflits. Avec la sensation désagréable, pour le monde agricole, d’avoir constamment les caméras braqués sur lui et d’être sous le feu permanent des critiques.
«La véritable difficulté à laquelle sera confronté de plus en plus le monde agricole, ce ne sera pas la question des prix, mais celle liée à l’environnement. Les sources de conflits iront crescendo sur cette question», prévoit Lionel Manteau, ancien avocat au barreau de Compiègne, aujourd’hui conciliateur. La complexité et les changements dans la réglementation jouent également un rôle non négligeable dans l’augmentation des conflits.
Le résultat ? Le développement d’un sentiment de dénigrement de plus en plus fort à l’encontre du monde agricole, communément appelé aujourd’hui «l’agribashing». La désagrégation du tissu rural, la méconnaissance de plus en plus prononcée du monde agricole et de ses activités, ainsi que la diminution de ses effectifs, entraînant au demeurant un sentiment d’isolement profond, éclairent en partie les sources de conflits actuels. Alors que faire ?
Renouer le lien social en expliquant son activité et en ouvrant son exploitation sont des pistes que les agriculteurs ne peuvent plus ignorer. La médiation peut en être une autre.

Sortir du conflit
Dans l’imaginaire collectif, le médiateur est le pompier envoyé à la suite de fermetures d’usines, de conflits sociaux, de tensions politiques… Tel est le terme employé par le monde politique et livré tel quel par les médias. Erreur de sémantique, volontaire dans bien des cas, puisque le bon terme est celui de conciliateur. «Le médiateur est celui qui ne traite que la partie relationnelle d’un conflit et accompagne les parties concernées pour qu’elles trouvent leurs propres solutions alors que le conciliateur propose des solutions amiables entre les parties, en s’appuyant sur des outils techniques et juridiques», explique Ludovic Leplat, président du centre de médiation professionnelle des Hauts-de-France.
La médiation a pour objectif d’intégrer l’apaisement dans la résolution des conflits. Comment ? Tout débute par un entretien individuel, qui reste confidentiel, pour que chacun puisse exposer la situation, ses attentes, son interprétation du conflit, les conséquences émotionnelles qui en résultent, afin de pouvoir évacuer ces dernières et clarifier la situation.
Si chaque médiateur a sa méthode, le fil conducteur reste le même. «C’est un travail de clarification que nous menons avec la personne pour qu’elle reconsidère ses certitudes et reformule la situation vécue. Ensuite, on traite chaque question point par point avec elle jusqu’à ce qu’elle parvienne à proposer sa solution», détaille Ludovic Leplat.
Si la démarche n’est pas évidente, car elle touche à l’intime, la médiation est une solution qui donne toutefois des résultats, dixit Ludovic Leplat, en permettant de renouer le dialogue et en recréant du lien. Or, «le dialogue, c’est ce qui manque dans le monde agricole du fait de la distanciation qui s’est creusée entre celui-ci et la société. Avec la médiation, le dialogue peut être réinstauré avec les autres. En cela, cette démarche représente un outil d’avenir pour le monde agricole», assure Ludovic Leplat. D’autant que, si la médiation est de plus en plus pratiquée au sein des entreprises, des organisations, à la demande des particuliers, et s’invite également dans le monde judiciaire, tel n’est pas encore le cas dans le monde agricole. Une fois cela dit, la médiation n’est pas la solution miracle, mais elle est un bon outil pour œuvrer à l’apaisement des conflits, voire pour les régler.

Me Cyril Hervois.
Me Cyril Hervois. – © F. G.

Cyril Hervois, notaire et médiateur
Notaire à Cambrai, Me Cyril Hervois s’est lancé dans la médiation en 2015, pratique qu’il considère dans le prolongement de son activité notariale.
Comme le Monsieur Jourdain de Molière qui faisait de la prose sans le savoir, Me Cyril Hervois pratiquait la médiation sans en avoir vraiment conscience. «Cela correspond à ce que j’ai dans le ventre. Pour moi, il était très frustrant de voir les personnes qui venaient à notre étude partir sans solution sur le plan humain. On ne peut pas dignement laisser partir les personnes avec leur détresse. C’est un drame. Or, la médiation est un bon outil pour poser une méthode sur l’approche et pour  aider les personnes à dépasser cette détresse et apaiser les conflits dans lesquels elles sont prises», explique-t-il.
Après avoir suivi une formation à la Chambre des notaires de Paris, en septembre 2015, pour acquérir les «outils» de médiation, il s’est lancé, en intégrant cette activité dans celle de notaire. «Dans une médiation, il ne faut pas avoir d’a priori et savoir s’oublier pour faire écho aux difficultés des personnes», rappelle-t-il. Autrement dit, être dans une attitude de totale neutralité pour que la personne puise poser des mots sur le conflit qu’elle vit, puis identifier les buts à atteindre afin de trouver par elle-même la solution. «C’est comme si l’on était d’un côté d’une porte qu’il faut franchir, puis cheminer avec elle jusqu’à ce que l’on atteigne l’autre côté du rivage, tout en respectant son rythme. Mais, en aucun cas, on ne porte la personne», ajoute-t-il.

La problématique agricole
Si beaucoup de dossiers qu’il traite portent sur des séparations, des héritages, et autres histoires familiales, un certain nombre a trait au monde agricole (conclusion de baux, signature de baux, transmission des entreprises agricoles, etc.). Une problématique agricole à laquelle il est particulièrement attaché en raison de son histoire personnelle. «Je suis issu d’une famille agricole, qui s’est beaucoup déchirée, et j’ai toujours trouvé cela insupportable. Il y a des moyens d’éviter les psychodrames au sein des familles, notamment grâce à la médiation. Ceci explique cela
Nul doute pour lui, la médiation doit être bien plus présente dans le monde agricole. Non seulement du fait des attaques incessantes auxquelles celui-ci est confronté, mais aussi parce que la problématique agricole est transversale. «Elle touche à la fois les biens, la transmission, les successions, la famille, l’affect. Et le lien à la terre est très fort, ainsi qu’à celui de l’exploitation, dont la construction s’est faite au fil des décennies, représentant du coup une valeur sentimentale et affective extrêmement lourde, sans oublier le poids du passé», détaille-t-il.
Si la médiation ne résout pas tous les problèmes, elle reste importante à ses yeux, car elle est «source d’apaisement et de lien social. Mais il faut la connaître et la comprendre avant de s’y lancer, car c’est dur, on touche au point zéro de la personne, autrement dit, à ce qui la blesse profondément. Il faut que ce soit une démarche volontaire, sinon cela ne marchera pas, et que les personnes aient conscience que la solution est à portée de leurs mains», conclut-il. » –F. G. – (Extrait de action-agricole-picarde.com du 15/4/2019)

En savoir plus sur http://www.action-agricole-picarde.com/actualites/la-mediation-un-outil-d-avenir-pour-le-monde-agricole:QT9NGII5.html

Médiation sociale : 10 ans de médiation de l’Association vandopérienne de médiation sociale de Vandoeuvre-lès-Nancy


La médiation sociale de Vandoeuvre est appelée à s’exporter.

« Nous sommes la seule ville du Grand Est à posséder un tel dispositif », confiait Paul-Albert Bugnot à propos de l’équipe de médiation qui fêtait cette semaine son 10e anniversaire. Dans ses bureaux place de Paris, l’homme n’est pas peu fier du travail accompli depuis qu’il a repris il y a 5 ans la tête de cette équipe de costauds chargés d’assurer la tranquillité des habitants de Vandœuvre.

Réactifs, utiles, les six gaillards ont pour mission de dialoguer, renseigner, aider pour contribuer au bien vivre ensemble dans les quartiers. « Les médiateurs sont chargés de garantir la tranquillité mais ils ne sont pas policiers. Si une plainte est déposée la police prend le relais » précise Paul-Albert. La médiation c’est régler des différends de voisinage ou familiaux (bruit, disputes, violences physiques ou verbales…) mais aussi assurer la sécurité aux abords des immeubles, apporter une aide physique ou morale aux personnes en difficulté. (Extrait de estrepublicain.fr du 12/05/2019)

En savoir plus sur https://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-agglomeration/2019/05/12/10-ans-de-mediation-et-de-nouvelles-missions

Belgique : Publication de la lettre d’information de l’Union Belge des Médiateurs Professionnels (UBMP), n°3/2019


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En savoir plus sur http://ubmp-bupb.org/fr/home-2/

Dépôt : Proposition de loi à l’Assemblée nationale visant à développer et encadrer la médiation judiciaire et la médiation conventionnelle, n° 1750, déposé(e) le 6 mars 2019 par Joachim Son-Forget


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EXPOSÉ DES MOTIFS
MESDAMES, MESSIEURS,
Depuis la loi du 8 février 1995, la médiation s’est développée. Tout
d’abord, dans les contentieux de famille, ensuite en tant que mode amiable
devant être envisagé avant toute action en justice comme diligence
préalablement entreprise, enfin comme mode amiable obligatoire précédant
une demande en justice (pour toute déclaration au greffe devant le tribunal
d’instance, ou à titre expérimental en matière familiale dans onze tribunaux
de grande instance).
Notamment, la loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la
justice n° 2019- du mars 2019 l’impose pour les actions en justice
devant le Tribunal de grande instance portant sur un objet inférieur à
5 000 euros et pour les affaires relatives aux conflits de voisinage.
La médiation participe au bon fonctionnement du système judiciaire et
contribue à l’accès, à la célérité et à la qualité de la justice. Elle est même
un enjeu majeur de la justice au XXIe siècle. Pourtant, le droit de la
médiation est encore incomplet, alors qu’il a été profondément réformé
dans d’autres pays, comme au Canada ou en Allemagne.
Une réforme de la loi n° 95-125 du 8 février 1995 qui est la loi
fondatrice de la médiation, complétée par un décret d’application, permet
d’offrir un droit de la médiation complet et efficace seul capable de justifier
la multiplication des médiations judiciaires et conventionnelles, d’ouvrir
une culture de la médiation plus prégnante et de généraliser des modes de
régulation sociale des conflits plus humaine.
Pour qu’elle ne soit ni considérée, ni vécue comme une justice mineure
ou une justice au rabais, et pour renforcer sa place, la médiation doit faire
l’objet d’une clarification, s’agissant tant de ses objectifs que de ses
principes directeurs et de ses modalités concrètes et pratiques de mise en
place.
La qualité de la médiation est l’objet de cette proposition de loi qui,
réformant la loi du 8 février 1995, s’insère dans le corpus des règles de la
procédure civile. Elle est la condition sine qua non pour que la médiation
soit encore plus souvent préconisée individuellement par les prescripteurs
comme les juges, si elle s’avère opportune, et pour qu’elle soit favorisée
collectivement par les pouvoirs publics, comme un moyen efficace, encadré
et juste de prévention et de règlement des différends.

(Extrait assemblee-nationale.fr du 7/03/2019)

Document à consulter http://www.assemblee-nationale.fr/15/pdf/propositions/pion1750.pdf

« À travers l’Amérique du Nord et l’Europe… la diversité de la médiation » par Michel Petitjean (anm-mediation.com)


« Un bref retour sur mon expérience

Ingénieur de formation, j’ai très vite accédé à des responsabilités d’entreprise (c’était l’époque des Trente Glorieuses) qui m’ont conduit dans divers pays, d’abord en Europe puis en Amérique du Nord. Il a fallu apprendre la langue, puis la culture, puis le business.

Drôle à dire, ou plutôt à écrire, l’expatriation la plus dure a été le retour en France. Cela peut paraître provocateur mais cela a été vrai pour moi, ainsi que pour d’autres que j’ai rencontrés par la suite. Je rapporte ce trait de mon expérience car il me paraît crucial pour la suite de mon exposé.

Encore aujourd’hui, alors que je dirige une organisation professionnelle européenne depuis Bruxelles, les deux pays parmi les grands pays européens qui posent le plus de défi en termes d’ouverture et de partage d’expérience sont l’Allemagne et la France.

Pourquoi le choix de ce sujet ?

Dans le cadre du DU2 en médiation de l’IFOMENE, j’ai hésité quelque temps entre deux sujets de mémoire, celui ci-dessus et un autre qui aurait pu s’intituler : La problématique et les clés pour l’introduction et le développement de la médiation aux prud’hommes. Etant également conseiller prud’hommal depuis une dizaine d’années et ayant été amené à la médiation par une expérience fructueuse de la conciliation, j’avais une tendance naturelle à vouloir poursuivre dans cette voie.

Mais lorsque j’ai rejoint en avril 2017 la Chambre nationale des praticiens de la médiation (CNPM) et que j’ai participé aux réunions et intégré les groupes de travail, je me suis très vite rendu compte de l’éparpillement de la médiation française en une multitude d’organisations aussi diverses et riches de culture, de personnalités et de connaissances.

C’est alors que mon expérience inter culturelle de plus de trente années a été la plus forte et m’a conduit à envisager une recherche et une analyse de la médiation dans les autres pays afin de mieux comprendre l’état de la pratique de la médiation en France et, in fine, mieux appréhender les problématiques de son développement.

Points essentiels à comprendre et à retenir

Si je devais résumer en quelques phrases clés, les points essentiels que j’ai relevés dans chaque pays, je distinguerais entre :

→ Les divers modèles de médiation aux Etats-Unis et au Canada

Aux Etats-Unis, où l’on parle d’ADR (Alternative Dispute Resolution), il existe principalement trois modèles de médiation :

  1. Evaluative : Le Médiateur est supposé posséder l’expertise et la capacité de proposer et d’influencer la décision des parties.
  2. Facilitative : Appelé aussi le « Harvard Model » Il s’inspire de la théorie de la négociation raisonnée ou ″Principled Negotiation″ développée par Roger Fisher et William Ury dans leur ouvrage intitulé ″Getting to Yes″
    Le principe de base repose sur la séparation des Positions et des Intérêts
  3. Transformative : Le Médiateur s’attache à rester neutre et impartial. C’est la méthode privilégiée dans les situations de conflit où l’enjeu se situe au niveau de la communication. Ce modèle vise à restaurer la relation.

Au Canada, et en particulier au Québec, où l’on parle de PRD (Prévention et Règlement des Disputes), il existe aussi trois modèles principaux de médiation :

  1. Evaluative : Le principe est, pour chaque partie, de convaincre en faisant valoir sa position. Ce modèle, courant au Canada (et aux USA), est favorable à la partie la plus forte. C’est un modèle ″marché″ qui tourne autour de l’argent avant tout. Le processus est essentiellement en entretiens séparés (type navette)
  2. Intégrative : C’est le modèle officiel, enseigné au Québec et au Canada et le plus répandu dans le monde occidental. Le processus est considéré comme la « roue de Fiutak » canadienne.
    Dans le Canada anglo-saxon, il existe une mixité entre ce modèle et le modèle évaluatif à cause de l’influence des USA.
  3. Transformative : Présent aux USA, ce modèle tend à se développer au Canada. Pas besoin de solution en fin de processus, pourvu que la relation soit rétablie.

→ Les diverses organisations et règlementations en Europe

Au Royaume Uni, il existe une forte incitation du système judiciaire : la présentation d’une affaire devant un tribunal ne doit intervenir qu’en dernier ressort. Il existe deux organisations structurées :

  1. En matière civile : CMC (Conseil de la médiation civile) Le modèle s’apparente de très près au modèle « Facilitative » des US encore appelé « Harvard Model ».
  2. En matière sociale : ACAS (Advisory, Conciliation and Arbitration Service)
    Organisme indépendant de formation, prévention et règlement des conflits, composé essentiellement de professionnels du droit, juges et avocats, plus familiers cependant du processus de conciliation.

En Allemagne, on note :

  1. Une intervention récente et décisive du législateur :
    2012 : Clarification de la médiation malgré les réticences du comité de conciliation
    2016 : Loi sur la médiation pour son développement et sur la situation de l’éducation et de la formation des médiateurs.
  2. Un développement favorisé par de puissantes associations :
    BM (Bundesverband Mediation) 2500 membres, médiateurs, associations et tiers.
    BAFM association de médiation familiale, 800 membres
    BMWA pour la médiation dans les affaires et le monde du travail, 350 membres
  3. Les associations sont très impliquées dans la formation des médiateurs (120 heures formation générale plus 80 à 120 heures de formation interdisciplinaire), la certification des médiateurs ainsi que l’assurance qualité par la formation continue
  4. Curieusement, BAFM adopte le Modèle de Harvard, considérant qu’il s’applique à la médiation familiale aussi bien qu’aux autres domaines de la médiation.

En Italie,

  1. La règlementation a connu de nombreuses réformes judiciaires entre 2008 et 2013
    2010 : La médiation devient obligatoire
    2012 : En épilogue d’une résistance farouche des avocats, un décret constitutionnel annule le décret de 2010.
    2013 : Nouvelle loi réintroduisant la « médiation obligatoire » en matière civile et commerciale seulement, pour certaines affaires seulement, et pour une durée probatoire de 4 ans.
  2. En pratique, le concept de « médiation obligatoire » se réduit à une tentative préliminaire et obligatoire de la médiation imposée par la loi. C’est la condition préalable au dépôt d’une action devant les tribunaux. La seule véritable obligation reste pour l’une des parties de déposer une demande de médiation et pour l’autre partie de la refuser. Cependant, cette loi est considérée comme un bon compromis entre obligation totale (trop d’opposition) et volontariat (trop de freins et intérêts contraires)

En Belgique :

  1. La loi de 2005 institue la commission fédérale de médiation.
  2. Il existe une commission générale avec pouvoir de décision ainsi que trois commissions spéciales qui rendent des avis en matière familiale, civile, commerciale et sociale.
    La principale fonction de la commission générale est l’agrément des médiateurs et le suivi de la formation initiale et de la formation permanente

En Suisse :

  1. La législation : Là où l’autonomie normative cantonale imposait 26 codes cantonaux, depuis 2011, il y a unification du Code de procédure civile (CPC), ainsi que du Code de procédure pénale (CPP).
    Si la médiation existe en matière civile, en revanche, pour des raisons historiques, elle n’a pas été introduite au pénal pour les adultes.
    Les lois d’organisation judiciaires restent cependant cantonales, de sorte que la médiation pénale existe dans certains cantons, en particulier de Suisse romande, comme Genève.
    La Procédure pénale applicable aux mineurs est unifiée depuis 2007. Elle prévoit la médiation avec les mineurs, qui est pratiquée dans les cantons suisses romands et dans certains cantons de Suisse alémanique.
  2. A noter un exemple réussi de fédération :
    La SDM-FSM, Fédération Suisse des Associations de Médiation, regroupe 18 associations réunissant plus de 1300 médiateurs ainsi que 16 instituts de formation.
    Il existe une seule ombre au tableau mais de taille : La fédération suisse des avocats (FSA), qui regroupe les médiateurs FSA, n’en fait pas partie. La formation initiale et la formation continue sont assurées par la FSA et destinées spécifiquement aux avocats. Les exigences, notamment en nombre d’heures, ne sont pas équivalentes à celles de la FSM.

Message qui ressort de ce travail de recherche

La situation actuelle de la médiation en Europe est paradoxale car, d’un côté, on sent une effervescence enthousiaste et un bouillonnement d’idées et d’initiatives, et d’un autre côté, la règlementation tarde à se concrétiser qui seule permettrait une certaine harmonisation non pas tant au niveau des modèles de médiation et des processus qui doivent conserver leur souplesse et leur liberté, mais plutôt du côté des médiateurs au niveau de leur formation et leur certification et particulièrement de leurs organisations professionnelles.

Conclusion

Il semble important et urgent que les médiateurs français et européens s’organisent pour accompagner le législateur et l’institution judiciaire pour une règlementation et un encadrement qui soient conformes aux principes déontologiques et à l’esprit de la médiation afin que soit reconnue cette spécificité unique dans le paysage des modes amiables de règlement des différends. » (Extrait deanm-mediation.com

En savoir plus sur http://www.anm-mediation.com/index.php/fr/?option=com_content&view=article&id=399:a-travers-l-amerique-du-nord-et-l-europe&catid=93:numero-07

Belgique : communique du médiateur de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles


« Suite à l’article de presse paru ce jeudi 2 mai dans les éditions de l’Avenir, le Médiateur de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Marc BERTRAND, a souhaité réagir afin de préciser et rappeler l’existence de la médiation institutionnelle (aux niveaux fédéral, régional, communautaire, …) et éviter toute confusion dans l’esprit des citoyens confrontés à des difficultés, qui plus est, au vu de la complexité de la structure institutionnelle en Belgique.

Depuis le 1er janvier 2019, les domaines d’intervention de la médiation extrajudiciaire et judiciaire, ont été élargis aux organismes et institutions publiques.

Cela signifie qu’à présent, sur base volontaire, une personne et/ou une administration pourront demander une médiation en cas de litige. En outre, le juge pourra ordonner le renvoi en médiation, d’une affaire dont il est saisi.

Le Médiateur de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Marc BERTRAND, souligne que cette modification de la loi représente une avancée dans la résolution alternative de conflits, ce qui ne peut que contribuer à diminuer l’arriéré judiciaire et à « déjudiciariser » certains conflits.

Il tient cependant à souligner que cette nouvelle offre de résolution alternative ne remplace en rien l’intervention d’un Médiateur institutionnel, lequel est chargé par la loi ou le décret, non seulement de contribuer à la résolution d’un différend entre un citoyen et un service public (un dysfonctionnement dans son organisation ou son fonctionnement, ou la contestation d’une décision de l’administration), mais aussi de formuler des recommandations spécifiques s’il apparaît qu’au terme de son intervention, l’administration conclut qu’elle ne changera pas sa position.

En cela, le recours à un médiateur institutionnel est unique :  son accès est totalement gratuit pour tout citoyen qui estime qu’une administration n’a pas rempli sa mission de service public, et le législateur lui a donné des moyens et des outils spécifiques (accès aux dossiers et aux agents concernés) pour contribuer activement à la résolution du différend.

Enfin, Marc Bertrand souligne que l’utilisation de la même dénomination pour définir des modes différents de résolution alternative des conflits, à savoir le terme « médiation » aussi bien pour la médiation judiciaire et extrajudiciaire que pour la médiation institutionnelle, peut contribuer à la confusion quant aux rôles de chacun.

Le Médiateur rappelle et invite les citoyens à consulter le site portail www.ombudsman.be sur lequel, tout citoyen confronté à un problème, une incompréhension ou une situation de conflit dans son quotidien pourra trouver le bon interlocuteur et les coordonnées du Médiateur compétent pour le sujet qui le préoccupe.

Pour tout ce qui concerne l’administration régionale (Service public de Wallonie) ou communautaire (Fédération Wallonie-Bruxelles), le site www.le-mediateur.be, le téléphone vert (gratuit) 0800/19.199 ou encore la page Facebook ( https://www.facebook.com/lemediateurwalloniefederationwalloniebruxelles/) donnent toutes les informations nécessaires. (Extrait de aomf-ombudsmans-francophonie.org)

En savoir plus sur https://www.aomf-ombudsmans-francophonie.org/2019/05/13/les-administrations-et-les-mediateurs/

« L’ANM, un acteur engagé au service des habitants de Paris » par Karine Mehler, Administratrice ANM (anm-mediation.com)


La médiation de voisinage pour Paris Habitat

En juin 2017, l’Association Nationale des Médiateurs (ANM) et Paris Habitat ont conclu un accord de partenariat pour une durée de trois ans aux termes duquel l’organisme de logement social a confié à l’ANM le soin de mener des médiations auprès de certains de ses locataires rencontrant des difficultés de voisinage.

Office public de l’habitat de la ville de Paris, gérant plus de 300 000 logements, Paris Habitat est un acteur majeur du logement social à Paris et en proche banlieue. S’il ne fallait donner qu’un seul chiffre pour faire prendre conscience de l’importance de ce bailleur social, ce serait celui-là : un parisien sur dix est locataire auprès de Paris Habitat !

Créée en 1993, l’ANM est une association de médiation, généraliste, forte de plus de 800 adhérents répartis dans toute la France. L’ANM a notamment pour objet de promouvoir et favoriser la médiation par tous moyens appropriés et de proposer à toutes personnes physiques ou morales, privées ou publiques, des médiateurs dont elles reconnaissent la compétence et l’indépendance, dans le respect du Code national de Déontologie des Médiateurs.

A mi-parcours, il est intéressant de faire un point d’étape sur les enseignements tirés de cette expérience non seulement sur les conflits traités mais aussi sur les expériences mises en place en interne par l’ANM.

Tout d’abord, rappelons brièvement le cadre et l’organisation de cette collaboration.

Les conflits de voisinages sont seuls concernés

La convention, circonscrite aux 230 000 logements situés dans Paris intra-muros, s’applique aux seuls conflits de voisinage d’ordre privé, entre deux ou plusieurs voisins, relatifs à l’occupation du logement (bruit, odeurs…dégâts des eaux répétitifs), aux incivilités ou encore aux perceptions de discrimination…

Il est important de préciser que, classiquement, les troubles psychiques en sont exclus.

De même que tous les litiges concernant les relations des locataires avec leur bailleur. Pour certains d’entre eux, relatifs au contrat de location, à la contestation des loyers et des charges, aux demandes de travaux et leur qualité ou à l’entretien des espaces communs, les locataires disposent par ailleurs de la possibilité de se tourner directement vers le médiateur interne de Paris Habitat.

Objectif : permettre le « vivre ensemble »

Il est demandé aux médiateurs d’aider les locataires à retrouver une jouissance paisible de leur logement en utilisant les outils classiques de la médiation : favoriser le dialogue afin de faire émerger des solutions et permettre le « vivre ensemble ».

En même temps, il est demandé aux médiateurs d’apporter aux équipes du bailleur, tout en respectant le principe de confidentialité,  des clés de compréhension les plus fines possibles de ces « troubles de voisinage » afin que celui-ci puisse traiter efficacement le problème de « jouissance paisible » et soit en mesure d’instaurer une nouvelle culture du « vivre ensemble ».

Le choix des cas proposés à la médiation

Il appartient à chaque délégation parisienne de Paris Habitat (Paris intra-muros est géré par quatre délégations : Nord-Est, Nord-Ouest, Sud-Est et Sud-Ouest) de décider librement des cas à envoyer en médiation. Au fil du temps, cependant, certaines délégations ont demandé à avoir un référent choisi parmi les médiateurs de l’ANM afin d’évaluer, en cas de doute, si la situation est de nature à être traitée en médiation ou non. Cette collaboration, qui vise à améliorer et à développer la prestation offerte aux habitants, évolue et se renforce au cours du temps, grâce notamment à la mise en place d’un site dédié comportant une interface de discussion, comme on le verra plus bas.

Les dossiers sont préparés par les équipes du service de la tranquillité et de la sûreté résidentielle. Les locataires reçoivent un courrier les informant de la mise en place de l’offre de médiation, gratuite pour le locataire, et donc entièrement prise en charge par le bailleur. Le processus de médiation y est succinctement présenté.

En même temps, Paris Habitat envoie à l’ANM un dossier comprenant les coordonnées des locataires, des informations succinctes sur la nature du conflit, son antériorité ainsi que les pièces existantes (telles que les plaintes et différents courriers adressés au bailleur) quand il y en a.

Une fois le dossier reçu, l’ANM l’attribue à l’un des 10 médiateurs volontaires qui, au sein de l’association, se sont engagés dans cette activité. Le médiateur désigné se met alors rapidement en contact avec les locataires et organise chaque entretien individuel. Une fois ces entretiens menés et le consentement à la médiation (pas toujours facile à obtenir) recueilli, une réunion plénière est organisée, plus rarement une deuxième. Un appel téléphonique est prévu un mois plus tard avec chacun des locataires afin de faire le point de la situation.

Alors, après dix-huit mois d’activité et quelque cent vingt cas traités, quels enseignements peuvent être tirés de cette expérience ?

La typologie des conflits

Il est frappant de constater que plus de la moitié des plaintes émane de personnes vivant seules. Deux tiers d’entre-elles sont dirigées contre des familles avec enfants mais 20% sont aussi dirigées contre un voisin vivant seul. Nous n’avons pas encore aujourd’hui traité les données liées à l’âge des plaignants et à leur vie sociale. Mais pour ma part, j’ai pu constater, au cours de mon expérience forcément limitée aux quelques cas rencontrés, que la solitude, la mauvaise santé, l’âge et l’absence de liens sociaux et familiaux réguliers sont des caractéristiques que l’on retrouve fréquemment chez les plaignants.

La majeure partie des conflits, 96 % des cas, est, comme le plus souvent en matière de conflits de voisinage, liée aux nuisances sonores causées par l’une des deux parties.

Cependant nous retrouvons assez régulièrement durant les médiations la mise en avant de nombreux différends interculturels existant entre les protagonistes. Dans ces cas précis, la médiation a pour effet de résoudre ces différends, sans reprise du conflit.

Nous constatons également que, dans une faible partie des conflits traités, 7% des cas, le conflit de voisinage est instrumentalisé par l’une des parties dans le but d’obtenir gain de cause pour une demande formulée à Paris Habitat (relogement notamment). Dans ce cas, il apparaît difficile d’entrer en médiation, car nous faisons souvent face au refus du plaignant d’adhérer au processus.

Rapidité d’intervention est gage d’efficacité de la médiation

Sans surprise, nous constatons que plus le conflit est ancien, plus il est difficile à résoudre.

Ainsi, les médiations qui rencontrent le plus fort taux de réussite (72%), sans reprise ultérieure du conflit, sont celles qui prennent place dans la première année de la naissance du différend. Au-delà de cette période, le taux de réussite descend à 43%.

Une des difficultés majeures réside dans le fait de convaincre les parties à entrer en médiation. Et là, encore, le temps joue clairement en défaveur de la médiation. Car plus le conflit est installé, plus se multiplient les situations de refus d’entrée en médiation d’une des parties concernées. Le taux de refus d’entrée en médiation atteint ainsi les 53% pour les conflits vieux de plus de trois ans quand il n’est que de 19% pour les conflits de moins d’un an.

D’autres enseignements concernent plus particulièrement l’organisation pratique du partenariat au sein de l’ANM qui s’est doté d’un outil internet dédié à Paris Habitat et a mis en place une offre de co-médiation à destination des jeunes médiateurs.

Mise en place d’une offre de co-médiation pour les jeunes médiateurs

Dans le cadre de ce partenariat, l’ANM a souhaité mettre en place un système de co-médiations avec un médiateur confirmé et un médiateur junior afin de permettre à ce dernier de s’exercer en toute sécurité.

A chaque nouvelle médiation, l’ANM attribue un médiateur junior au médiateur confirmé. Dans un mode de fonctionnement idéal, l’ANM s’efforce de faire évoluer les binômes de telle sorte que le médiateur junior puisse travailler au minimum avec deux médiateurs confirmés.

S’agissant d’un partage d’expérience, le médiateur junior n’est pas rémunéré. A ce jour, 80 médiateurs juniors ont pu bénéficier de cette offre de co-médiation. La plupart d’entre eux terminent juste leur formation et trouvent ainsi une première expérience pratique et rassurante aux côtés de leur « tuteur ».

Cette expérience s’est révélée très enrichissante à la fois pour les médiateurs expérimentés et pour les débutants et correspond parfaitement à la mission que s’est fixée l’ANM d’accompagnement de ses adhérents et de la promotion de la médiation.

Mise en place d’un site dédié

Au départ, toutes les correspondances médiateurs – Paris Habitat se faisaient via l’ANM par échange d’emails et/ou coups de téléphone. Il est vite apparu nécessaire d’organiser les relations afin que chacun puisse gagner en temps et en efficacité.

Ainsi, l’ANM a progressivement mis en place une plateforme d’échange en ligne, aujourd’hui pleinement opérationnelle, permettant à Paris Habitat d’être en contact direct avec les médiateurs.

Cette plateforme d’accès restreint permet à chaque médiateur saisi d’un dossier d’en prendre connaissance. Le site regroupe ainsi les coordonnées des locataires, les différentes pièces du dossier et permet d’échanger directement avec les équipes de Paris Habitat en y notant les démarches effectuées. De son côté, Paris Habitat est ainsi tenu au courant en temps réel de l’état d’avancement du dossier.

L’ANM tient à préciser que le principe de confidentialité de la médiation est pleinement respecté : le contenu des discussions, tout ce qui relève de l’intimité des participants à la médiation, n’est pas dévoilé à Paris Habitat.Seuls les données factuelles, la suite des démarches effectuées et leurs résultats sont transmis au bailleur social.

Enfin, une interface de discussion permet aux différents intervenants (PH-médiateur) de discuter entre eux.

Conclusions

Cette activité de l’ANM est en plein développement. Nous espérons traiter plus de 100 dossiers de conflits de voisinage par année. La plate-forme en ligne facilite les échanges entre les divers acteurs ; les outils statistiques utilisés permettent d’analyser cette activité sur les plans quantitatif et qualitatif.

Pour l’ANM, cette activité représente

  • un engagement citoyen au service des habitants de la Ville de Paris,
  • une contribution à l’amélioration du vivre ensemble,
  • une promotion de la médiation appréciée des habitants aux prises avec un conflit de voisinage,
  • une possibilité offerte aux médiateurs débutants de pratiquer la médiation,
  • un cadre pédagogique sécurisant pour accompagner les premiers pas d’une professionnalisation.

(Extrait de anm-mediation.com n° 9 avril 2017)

(En savoir plus sur http://www.anm-mediation.com/index.php/fr/?option=com_content&view=article&id=532:l-anm-un-acteur-engage-au-service-des-habitants-de-paris&catid=102:numero-09

Publication de la La Lettre n°09 avril 2017 de l’ANM


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Lettre à consulter sur http://www.anm-mediation.com/index.php/fr/actualites/newsletter/listid-1/mailid-19-numero-09

« La présence d’avocat(e)s nuit-elle au processus de médiation? » par Jean Poitras et Solange Pronovost (conflits-strategies.com)


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« Un des mythes importants chez les médiateur(trice)s est que la présence d’avocat(e)s nuit au processus de médiation. En effet, il(elle)s se plaignent régulièrement que cet ajout de personnes rend la démarche plus lourde et réduit les chances d’en arriver à une entente. Pourtant, une étude récente démontre que ce n’est pas nécessairement ce qui se produit. En comparant des médiations qui se sont déroulées entre les participant(e)s seulement et celles où des juristes les accompagnaient, aucune différence significative n’a été constatée quant au taux de règlements ni quant au degré de satisfaction en regard des ententes conclues.
Est-ce dire que les médiateur(trice)s entretiennent une perception complètement erronée de l’impact de la présence d’avocats sur le processus de médiation? Pas tout à fait. La même étude établit également que la durée moyenne d’une médiation s’allonge de 20% lorsque des juristes y participent. Si leur présence ne semble pas jouer sur le taux de règlements et le degré de satisfaction quant aux accords, il n’en demeure pas moins que le travail des médiateur(trice)s s’en trouve probablement complexifié.

Autre ombre au tableau; dans les mêmes circonstances, la recherche révèle qu’il y aurait une diminution du nombre de réconciliations entre les participant(e)s.

Conséquemment, si le taux de règlements demeure similaire, il semblerait que la qualité des ententes (si on considère la réconciliation entre les personnes impliquées comme un indice de qualité) soit moindre lorsque des avocat(e)s sont présents. En effet, la quantité de ces accords entre les vis-à-vis diminue de près de 40% lorsque des avocat(e)s les représentent dans le cadre d’une médiation.

L’explication la plus probable de ce phénomène vient peut-être de la tendance de ces professionnel(le)s à parler au nom de leurs client(e)s. Or, le dialogue direct entre les participant(e)s à un processus de règlement de leur différend favorise fortement la réconciliation entre eux(elles). Lorsque les échanges sont inhibés, le potentiel qu’il(elle)s s’entendent de nouveau est moindre. À cet effet, il peut être stratégique pour les médiateur(trice)s de discuter avec les avocats des fonctions qui pourraient être les leurs durant les pourparlers.
Règle générale, les rôles suivants sont compatibles avec le processus de médiation:
  • Expert légal. Plusieurs conflits comportent des aspects juridiques complexes. Les ramifications peuvent dépasser les connaissances d’un(e) participant(e). La présence d’un expert peut non seulement rassurer cette personne, mais parfois débloquer la recherche d’un compromis. En effet, quand les gens comprennent les impacts d’une entente, ils sont souvent moins hésitants à s’engager.
  • Chien de garde. Minimiser les risques juridiques est l’une des tâches clés des avocat(e)s. Leur indiquer qu’on s’attend à ce qu’il(elle)s interviennent s’il(elle)s ont l’impression que les discussions ne vont pas dans la direction des intérêts de leur client(e) est tout naturel. Ainsi, en les assurant qu’il(elle)s auront l’espace nécessaire pour exercer cette fonction, par exemple en leur donnant maintes occasions de faire des mises au point avec leurs client(e)s en caucus, on la canalise positivement .
Par contre, le rôle suivant rend le processus plus difficile et surtout moins riche:
  • Porte-parole. Lorsque les juristes refusent de laisser parler les personnes elles-mêmes, cela ajoute un degré de difficulté à la médiation. En effet, beaucoup de stratégies d’intervention reposent sur une communication directe entre les vis-à-vis. Le médiateur se trouve alors à essayer de les réconcilier avec des moyens réduits.
On peut donc conclure que dans le cadre d’une médiation, la présence d’avocat(e)s ne nuit pas nécessairement aux chances de régler un conflit. Toutefois, cela dépend du rôle qu’il(elle)s adopteront. La démarche devient particulièrement difficile s’il(elle)s se dressent en porte-parole de leur client(e) et refusent toute communication directe entre les personnes impliquées dans le conflit. Néanmoins, cette embûche peut être contournée en amont si on prend le temps de discuter et de s’entendre avec les juristes sur le rôle qu’ils joueront durant le processus. L’idée est qu’une négociation sur ce qui est attendu à cet égard, avant de débuter la médiation, peut éviter bien des frustrations de parts et d’autre.

Références 

  • DOUGLAS, Kathy et BATAGOL, Becky. The role of lawyers in mediation: Insights from mediators at Victoria’s civil and administrative tribunal. Monash UL Rev., 2014, vol. 40, p. 758.
  • POITRAS, Jean et RAINES, Susan. Expert mediators: Overcoming mediation challenges in workplace, family, and community conflicts. Jason Aronson, Incorporated, 2012.
  • POITRAS, Jean, STIMEC, Arnaud, et ROBERGE, Jean‐François. The Negative Impact of Attorneys on Mediation Outcomes: A Myth or a Reality?. Negotiation Journal, 2010, vol. 26, no 1, p. 9-24

(Extrait de conflits-strategies.com du 13/05/2019)

En savoir plus sur http://www.conflits-strategies.com/2019/05/la-presence-davocates-nuit-elle-au.html#more